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Live reports / 14.11.2021

Ludivine Issambourg, New Morning, Paris

23 octobre 2021.

Après avoir assuré début juin la réouverture des lieux avec Antiloops, la flûtiste était de retour au New Morning pour présenter son album solo “Outlaws”, dédié au flûtiste Hubert Laws et sorti début 2020 au pire moment pour en assurer la promotion, même si elle en avait joué le répertoire en octobre 2020 au Pan Piper (et Soul Bag y était). Pour l’occasion, Issambourg a ressorti la spectaculaire robe de la pochette de l’album, mais aussi une partie de la “dream team” qui l’accompagne sur ce disque, le batteur Stéphane Huchard et le clavier Laurent Coulondre, complétés pour l’occasion par le bassiste tout terrain Swaéli Mbappé – visiblement tout aussi familier du répertoire que ses deux camarades !

Sans surprise, le programme suit celui du disque d’Issambourg – mais non son ordre – et s’ouvre sur Undecided, le standard repris par Hubert Laws sur son album “Romeo & Juliet”, suivi de Guatemala connection, un autre extrait du même disque, avant de passer à Modaji, une composition de Dave Grusin gravée par Laws sur son album en public de 1977. Particulièrement impressionnante techniquement, la musicienne, qui passe ponctuellement à la flûte alto et à la flûte basse, est évidemment le centre d’intérêt du projet et sa soliste principale, mais elle profite du format live pour accorder une place accrue à ses accompagnateurs, qui viennent compléter son jeu.

L’arrivée de l’invité spécial – annoncé et très attendu – Chassol apporte une rupture de ton, le temps d’un duo Rhodes-flûte sur What do you think of this world now?, avant qu’Issambourg et ses musiciens ne concluent le premier set avec No more. Le second set poursuit dans le même registre. Très attachée à l’œuvre, sans doute un peu oubliée, de Laws, Issambourg explique ses apports au jazz, en le comparant en particulier aux “doubleurs” (les saxophonistes qui jouent occasionnellement de la flûte) qui l’ont précédé, et témoigne de son amour par sa façon de mettre en valeur son jeu, sans pour autant sacrifier sa personnalité et son discours musical propre, qu’il s’agisse de jouer Dvořák (Going home, tiré de la Symphonie du nouveau monde) ou les compositions de Laws lui-même comme What a night ou I had a dream. Habituée de la scène jazz et électro française depuis la fin des années 2000, Ludivine Issambourg a désormais plus que gagné ses galons de soliste majeure, et il sera essentiel de suivre les prochaines étapes de sa carrière. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Sophie Fenot