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Brèves / 08.02.2017

Lucien Malson était aussi fan de blues

C'est par ce site que j'ai appris la disparition de Lucien Malson auquel j'aimerais rendre un hommage particulier. Bien sûr, comme le rappelait Frédéric Adrian, Lucien Malson était bien connu des milieux intellectuels pour ses travaux en sociologie et en philosophie, tout comme il était respecté dans la “jazzosphére” pour ses articles, livres et émissions de radio. Producteur de l'émission Black & Blue sur France Culture, il m'avait invité à présenter Soul Bag alors que le magazine était encore ronéoté. Faisant bientôt équipe avec Alain Gerber, ils me convièrent régulièrement à leur micro durant les années 1980-90. J'y commis même une émission sur le gospel avec Siné ! Lucien Malson ne faisait pas partie de ces critiques qui considèrent le blues comme un ingrédient constitutif du jazz mais observent ses développements avec condescendance et, surtout, n'en écoutent jamais. Lui revendiquait cette filiation et appréciait tout particulièrement Elmore James et Albert King. Il produisit même sur France Musique Blues land, une émission hebdomadaire à laquelle je fus associé mais qui ne passa pas le cap d'une saison. Son ouvrage le plus fameux, Les Maîtres du jazz, comporte un ultime chapitre consacré à B.B. King.

Critique jazz au Monde, c'est Lucien Malson qui écrivit en juin 1986 une chronique particulièrement élogieuse du Talkin' That Talk de Jean-Paul Levet que le CLARB venait de publier sous une forme pourtant très artisanale. Ce qui eut pour effet de doper nos ventes ! Je n'oublie pas non plus que c'est grâce à son parrainage que je suis devenu membre de l'Académie Charles Cros où aujourd'hui encore coexiste un Grand prix Jazz et un Grand prix Blues.

Homme de culture et d'une grande rigueur intellectuelle, Lucien Malson était pourtant d'un abord facile, doté d'une personnalité chaleureuse. Il est mort le 26 janvier dernier à l'âge de 90 ans.

Jacques Périn