;
Brèves / 29.04.2011

Live from the States : du Peabody à Oxford

L’écrivain David L. Cohn écrivait que « Le Delta commence dans le lobby de l’hôtel Peabody à Memphis et s’achève à Catfish Row à Vicksburg. » Justement, ce 24 avril, nous sommes dans ce hall luxueux, et il est difficile d’imaginer que les grandes marques discographiques du nord des Etats-Unis venaient spécialement dans cet hôtel dans les années 1920 et 1930 pour enregistrer les pionniers du blues… Une plongée dans Beale Street est censée nous ramener à plus d’authenticité. Ce n’est toutefois que relatif. Tronçonnée, coincée entre des barrières renforcées par des voitures de police, la rue mythique de Memphis est réduite à la portion congrue. Bien sûr, la musique résonne un peu partout, elle peut même être de qualité avec les Blues Masters de Chris McDaniels au Kings Palace Café (très bon blues moderne), mais on reste un peu sur notre faim. Quant au club de B. B. King, il accueille un groupe de blues rock sans intérêt… Le lendemain, journée culturelle avec les visites des studios Stax (très émouvante avec des vidéos et de belles collections des artistes maison), Sun (plus impersonnelle avec une guide speedée et très centrée sur Elvis, mais bien documentée) et le Rock ‘n Soul Museum (une évocation historique très informative de la musique et de la culture afro-américaine. En tout, les trois sont incontournables dans le cadre d’une visite. Nous prenons ensuite le temps d’aller voir les maisons natales de Memphis Slim (à deux pas de Stax) et d’Aretha Franklin, perdue un peu plus loin dans la campagne. Et là, forcément, le temps s’arrête… Mais les orages violents se succèdent et nous obligent à reprendre nos esprits. Et nous voilà quittant Memphis, curieuse cité très étendue sans animation dès que l’on sort du centre, ce qui prend quelques minutes. Direction Holly Springs et le Rust College, première université afro-américaine fondée en 1866 (pour mémoire, l’esclavage a été aboli en 1865), avec ses belles collections de livres, sa radio, sa… chaîne de télévision ! Mais surtout un témoignage essentiel de la culture locale. Puis nous gagnons Oxford, où un volubile Mark Camarigg nous explique, dernier numéro de Soul Bag en main, comment fonctionne le magazine Living Blues. De son côté, Jimmy Thomas, enseignant et historien au Center for the Study of Southern Culture, revient sur un projet monumental en cours de réalisation, une encyclopédie de la culture sudiste en 24 volumes ! Bref, en à peine 48 heures, on s’émerveille tout en ne sachant déjà plus où donner de la tête… Mais nous sommes bavards. Bon mariage princier.

The Blues Fools (Co & Dan).