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Brèves / 03.10.2016

Little Royal, 1933-2016

Difficile de savoir si Little Royal, décédé le 29 septembre à Washington, était effectivement, comme il le proclamait, le demi-frère de James Brown, mais la génétique importe peu, tant la fraternité artistique était évidente entre les deux artistes. Né le 20 novembre 1933 à Durham, en Caroline du Nord, Royal Torrence avait mené la plus grande partie de sa carrière à Washington DC, qu’il avait rejoint au début des années 1960 avec son oncle. À l’époque, il est membre du groupe de gospel de celui-ci, et accompagne son évolution vers le R&B. Suite à des conflits financiers, il se retrouve à prendre la tête du groupe, rebaptisé Little Royal and the Swingmasters, qui se produit dans les clubs de la ville ainsi que dans différents lieux de loisir destinés aux Afro-Américains comme Carr’s Beach à Annapolis ou Wilmer’s Park à Brandywine dans le Maryland. Par l’entremise de James Brown, croisé sur la route, il fait connaissance d’importantes agences de booking, qui lui permettent de tourner dans tout le pays et d’accompagner quelques-unes des plus grandes vedettes du moment, de Smokey Robinson aux Shirelles en passant par Mary Wells et Gladys Knight. Parmi les musiciens qui passent à cette époque dans les Swingmasters figure – en tant que batteur – un certain Theodore Pendergrass, découvert alors qu’il était serveur à l’Edgehill’s Club d’Atlantic City…

Perpétuellement sur les routes, Little Royal (qui a quand même enregistré un 45-tours en 1967 pour Carnival) attend le début des années 1970 pour se lancer dans une carrière discographique sérieuse. Si Jealous – et sa face B, l’irrésistible instrumental Razor blade, régulièrement samplé depuis – est un petit tube et légitime la sortie d’un album du même nom, les disques suivants passent à peu de choses près inaperçus en dehors de sa ville d’attache, et les enregistrements cessent avant la fin de la décennie, ce qui n’empêche pas Little Royal de continuer à se produire très régulièrement jusqu’à il y a quelques mois dans sa ville d’adoption. Très mal rééditée en CD – une anthologie annoncée sur Ace ne s’est pas matérialisée –, la musique de Little Royal mérite largement la (re)découverte.

Frédéric Adrian