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Brèves / 22.04.2012

Levon Helm au bout du chemin

Il ne faut pas s’étonner de nous voir rendre ici un hommage appuyé au chanteur et batteur Levon Helm (mais aussi bassiste, guitariste, mandoliniste, banjoïste, harmoniciste…), tant il a sa place parmi les musiciens qui comptent dans la grande et belle histoire de la musique populaire américaine. Helm s’est donc éteint le 19 avril 2012 à New York, à 71 ans des suites d’un cancer de la gorge. Né Mark Lavon Helm le 26 mai 1940 à Elaine dans l’Arkansas, il est élevé non loin d’Helena dans une famille d’agriculteurs qui cultive du coton. Ses parents adorent la musique et leur fils assiste très jeune à des spectacles donnés par des musiciens itinérants, écoutant principalement de la country et du blues, via le Grand Ole Opry et l’émission King Biscuit Time sur KFFA de Sonny Boy Williamson II. Il apprend la guitare à 9 ans puis improvise chez lui un duo avec sa sœur Linda, à laquelle il bricole une basse de fortune, l’accompagnant également à l’harmonica et aux percussions. Alors âgé de seulement 12 ans, il est très impressionné par le batteur de Sonny Boy, James « Peck » Curtis, dont il conviendra plus tard qu’il a exercé une grande influence sur son jeu. Peu après, en 1954, il va, comme le dit la biographie de son site Internet, « se trouver au bon endroit au bon moment et assister à la naissance du rock ‘n’ roll » quand il voit successivement Johnny Cash, Carl Perkins et Elvis Presley. Il forme un groupe dans cet esprit, les Jungle Bush Beaters, se consacre sérieusement à la batterie, joue dans les clubs locaux et finit par attirer l’attention en 1957 de Ronnie Hawkins qui l’engagera ensuite dans ses Hawks, avec lesquels il reste jusqu’au milieu des années 1960. Vient alors le temps de la consécration. Suite à une tournée avec Bob Dylan, il s’associe avec des musiciens canadiens pour former un groupe qui devient peu après The Band. Comme tous les membres de cette formation, Helm s’avère être un multi-instrumentiste talentueux mais également un chanteur très expressif (une chanson comme The weight est aujourd’hui un hymne…). Durant une bonne décennie, The Band va s’imposer parmi les meilleurs groupes de son époque, certes ancré dans le monde du rock mais puisant avec bonheur son inspiration dans les différents styles de la musique traditionnelle et notamment sudiste. Pour s’en convaincre, on reverra avec toujours le même plaisir The last waltz, le magnifique hommage que leur a rendu Martin Scorsese en filmant leur dernier concert en 1976. Helm poursuit sa carrière personnelle tout en participant à des reformations du Band dans les années 1980. Il connaît toutefois des problèmes de santé à la fin de la décennie suivante, devant déjà se faire opérer d’un cancer de la gorge, ce qui altère sa voix (qu’il retrouvera néanmoins partiellement). Durant ses dernières années, il se consacre davantage à la production et à son studio Midnight Ramble de Woodstock mais continue d’enregistrer, obtenant même deux Grammy Awards pour ses CD « Dirt Farmer » (2007) et « Electric Dirt » (2009). Oui, Levon Helm est arrivé au bout du chemin, et c’est une très bonne raison pour aller voir le documentaire Only halfway home. Émotion garantie.

Daniel Léon