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Brèves / 07.08.2012

Johnnie Bassett, the gentleman is gone

Le chanteur et guitariste Johnnie Bassett s’est donc éteint dans la nuit du samedi 4 août 2012 à l’âge de 76 ans. Hormis ses proches, cette disparition brutale a surpris tout le monde, le cancer dont il était atteint l’ayant visiblement très vite emporté, ce que confirme un article du Detroit News daté du 5 août : « Bassett est tombé malade en juillet et a été hospitalisé pendant moins d’un mois (avant de mourir). » Ce futur pilier du blues de Detroit voit le jour le 9 octobre 1935 à Marianna en Floride et baigne d’emblée dans la musique : Il y avait tout le temps de la musique à la maison (…). J’écoutais de tout, essentiellement du blues et des spirituals, mais aussi du jazz (…). »« En 1944, sa famille s’installe à Detroit et Bassett aborde de plus en plus sérieusement la musique, surtout quand il rencontre le pianiste Joe Weaver, avec lequel il va former Joe Weaver and the Blue Notes. Via l’inévitable Joe Von Battle, le groupe obtient en 1953 un premier contrat en studio, mais le propriétaire de JVB Records les enregistre à leur insu ! Heureusement, les musiciens trouvent peu après refuge chez Fortune dont ils composent rapidement le groupe maison, côtoyant quelques grands artistes du R&B d’alors dont les chanteurs Nolan Strong et Andre Williams. « Nolan était un jeune homme très dynamique, très séduisant et très populaire (…), qui aimait écrire des chansons, pas seulement pour lui, mais aussi pour d’autres (…). Quant à Andre, c’était un type amusant qui mettait de l’ambiance dans n’importe quel groupe (…). » Les Blue Notes multiplient ensuite les collaborations et apparaissent aux côtés des Miracles de Smokey Robinson pour Motown, mais aussi de bluesmen comme Alberta Adams, John Lee Hooker et Eddie Burns, une expérience dont se souvient Bassett : « J’ai rencontré John Lee Hooker et Eddie Burns au magasin de disques de Joe Von Battle. Aucun des deux n’était guitariste lead à l’époque et ils m’ont proposé de jouer derrière eux. J’ai accepté et je suis devenu le guitariste soliste de John. Eddie jouait de l’harmonica l’essentiel du temps et chantait. » Après une pige pour Chess et son service militaire, Johnnie Bassett déménage en 1960 pour Seattle mais il revient à Detroit en fin de décennie. Face à une scène devenue difficile à propos de laquelle Bassett déplore que les clubs délaissent les groupes au profit de disc-jockeys, il connaît une quasi retraite. Sa carrière repart toutefois dans les années 1990 avec une poignée de CD sortis entre 1994 et 1999. Après un nouveau silence discographique, Bassett revient brillamment en 2009 avec « The Gentleman Is Back ». Largement septuagénaire, il tourne abondamment et séduit ses audiences avec son élégance et sa classe incomparables, à la guitare comme au chant. En juin dernier, il a sorti l’excellent « I Can Make That Happen » (notre photo), chroniqué dans notre numéro 207 actuellement en kiosques. Enfin, ce texte (dont bien sûr les citations de Bassett) s’inspire très largement de l’article publié par Frédéric Adrian dans notre même numéro 207, et dont la (re)lecture générera forcément une émotion particulière.