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Chroniques / 31.08.2022

Jacob Banks, Lies About The War

Deux secousses tonitruantes et tout un lot de ballades épurées, à fleur de peau, qui ne s’empêchent pas quelques coups de gorge. Jacob Banks livre un deuxième album qui s’inscrit dans la lignée de “For My Friends”, très recommandable EP paru en mars 2021. Avec son épais clavier vrillé et son beat qui cogne dur en opposition à un chant haut perché, Just when I thought évoque James Blake avant de s’offrir une éclaircie inattendue sur un terrain recueilli et churchy proche d’un Daniel Caesar.

L’autre pièce courroucée s’appelle Bang : emmenée par air envoûtant digne d’un spiritual hors d’âge, elle bascule côté electro rap (flow élastique de Tobe Nwigwe) sans perdre de vue l’église ni les bienfaits d’une pulsation qui respire. C’est ce que Banks ne cesse d’illustrer par ailleurs sur des titres orchestrés plus classiquement, souvent autour d’une guitare acoustique ou d’un piano. Une batterie sur la pointe des pieds, un refrain soul qui donne envie de chanter en dansant doucement serrés (Won’t turn back) ; une confession désarmante de vulnérabilité (Parachute) ; un « well, well » pour planter le décor intemporel de ce By design auprès duquel il fait bon se blottir. Maître des tempos lents, le Britannique fait parler la rage contenue de son timbre guttural qu’il marie aux caresses de sa voix de tête.

Son association avec la chanteuse-guitariste suédoise Anna Leone nourrit une jolie mélancolie (Our song), celle avec Adekunle Gold et Samm Henshaw fait le lien avec son Nigéria natal le temps d’une communion solaire à trois voix (Coolin). « I’ve told you I would stay the same », chante-t-il sur Here lies the man that never changed qui finit par clamer « Change is coming / Don’t run from it ». Jacob Banks prend en tout cas le temps de cultiver sa forte personnalité artistique. On l’entend s’épanouir.

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Nobody-Polydor
Sortie : 26 août 2022

Jacob BanksNicolas Teurnier