Alligator fête les 40 ans de “Showdown!”
07.10.2024
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C’était une figure incontournable de la musique populaire américaine depuis la fin des années 1940 : le producteur Henry Stone s’est éteint le 7 août 2014 à l’âge de 93 ans. Né le 3 juin 1921 à New York, il apprend d’abord la trompette puis découvre l’industrie musicale après ses obligations militaires en 1947 à Los Angeles, où il travaille chez Jewel et Modern. L’année suivante, il s’installe à Miami, où il fonde sa propre compagnie de production, Seminole, et le studio Crystal. En 1950, il se trouve au Mary Elizabeth Hotel à Overtown, un quartier de Miami, avec Sam Cooke qui lui propose de rencontrer Ray Charles. Stone enregistre quatre faces de Brother Ray pour sa marque Rockin’ Records, sans réel succès, même si l’un des quatre titres alors réalisés, St. Pete Florida Blues (I found my baby there), est aujourd’hui un peu considéré comme le premier classique de l’artiste. Deux ans plus tard, Stone aidera le label Atlantic à retrouver Ray Charles, qui débutera ainsi réellement la carrière que l’on sait…
À l'époque des Charms, milieu des années 1950. © : DR.
Henry Stone fait preuve d’un flair incomparable pour repérer les talents. En 1954, il est à l’origine de la version du Hearts of stone des Charms, qui atteint la première place des charts R&B, puis deux ans plus tard du premier hit de James Brown, Please, please, please. Stone travaille alors pour King et ses filiales, dont De Luxe et Federal, tout en continuant de fonder ses propres labels dans différents styles, blues, gospel, R&B (Dade, Chart, Marlin, Glades)… Il enregistre alors les Champions, les Evergreens, Sonny Thompson et Nat Kendrick and the Swans. En parallèle, il crée également des sociétés de distribution et collabore avec les plus grandes marques (Atlantic, Motown, Stax) et un réseau toujours plus étendu de labels indépendants. Sa mainmise est alors considérable…
Avec James Brown, prob. 1968. © : DR.
Si elle semble diminuer dans les années 1960, elle repart de façon significative en fin de décennie avec la fondation d’Alston Records et des artistes comme Betty Wright, Timmy Thomas et Clarence Reid. Benny Latimore signe également de belles réussites sur son label Glades, dont le fameux Let’s straighten it out en 1974. En producteur plus que jamais avisé, Stone ne rate pas la vague du disco dont il est un des initiateurs, en lançant son label TK Records sur lequel George McCrae, Anita Ward et surtout KC & the Sunshine Band atteignent également les sommets des charts à plusieurs reprises. Entre autres… La disparition de TK Records en 1981 n’empêche pas Henry Stone de poursuivre ses activités jusqu’à la fin, ses maisons de production successives se spécialisant dans les rééditions (dance, rap, disco, R&B), la dernière en date sous le nom de The Legendary Henry Stone Presents… En outre, bien que frappé de cécité en 2003, Stone a décidé de continuer, étant même à l’origine du Henry and Inez Stone Music and Sound Room Studio, destiné aux aveugles et malvoyants (le seul du genre aux États-Unis). En 2013, il a autoédité The Stone Cold Truth on Payola!, qui revient sur le Payola Scandal des années 1950, un système de corruption grâce auquel certains labels versaient des pots-de-vin au radios pour obtenir plus de diffusions. On attend enfin la sortie d’un film sur le personnage réalisé par Mark Moormann, Rock Your Baby – Henry Stone and the Miami Sound.
Daniel Léon