Blues Roots Festival Meyreuil 2024
02.10.2024
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5 octobre 2021
Depuis son dernier passage dans sa « salle préférée au monde », le New Morning, il s’en est passé des choses dans la vie d’Hannah Williams. Elle a été demi-finaliste à The Voice en Grande-Bretagne, et a eu l’occasion de travailler ses compétences vocales en compagnie de Tom Jones. Elle a composé avec son groupe un nouvel album, et surtout, elle a perdu la moitié de ses musiciens. Les magnifiques choristes Victoria Klewin et Hannah Nicholson ont disparu. Les chœurs sont assurés par le guitariste Adam Holgate et l’organiste James Graham, très compétents mais beaucoup moins exceptionnels. Quant à la section cuivres, elle est remplacée au pied levé par un musicien français croisé par hasard avant le concert le temps d’un morceau, très réussi d’ailleurs. Que s’est-il passé ? Le Covid nous dit pudiquement la dame. On commence seulement à entrevoir ce que nous a enlevé cette pandémie : en plus des lieux qui ferment et des musiciens qui galèrent, ce sont les liens entre musiciens qui rendent possibles des collaborations exceptionnelles qui ont été usés par la pandémie.
La configuration est plus resserrée, et sonne plus rock. Les arrangements ne semblent pas encore complètement adaptés à la cure d’amaigrissement qu’a connu le groupe. La guitare d’Adam Holgate semble parfois vouloir trop en faire. Hannah Williams vient accompagnée d’une farandole de percussions : œufs, tambourins, vibraslap et cabasa. Tout ceci paraît peu utile, à part une pédale qui l’aide à pallier l’absence de choristes.
Malgré tout cela, c’est quand même un concert de grande tenue que nous offre Hannah Williams. Si la magie de son précédent passage n’est pas là, il faut avouer que sa performance vocale est au-dessus. On a droit à quelques avant-gouts du prochain album, ainsi que quelques retours en arrière, avec la reprise de I’m a good woman extraite d’un album de 2012, et c’est un des moments les plus simplement amusants de la soirée.
Parmi les nouvelles compositions, Hurricane fires est celle qui s’appuie le plus sur le son de la soul sudiste classique. Après la pause, Mme Williams nous revient avec une robe parée de plumes de paons étincelantes, et on se dit que même si le groupe est déplumé, on a quand même affaire à un être exceptionnel. Le second set démarre par un instrumental, 7 am to Seville, aux accents latins particulièrement réussis. Les nouvelles chansons sont bonnes mais lorgnent davantage un registre rock british que ce à quoi nous étions habitués. La chanson qui clôt la soirée avant l’habituel Dazed and confused est une composition de James Graham particulièrement ambitieuse et réussie, Lover, don’t change me. Nous sommes probablement en train d’assister à une mue. Rien d’étonnant donc que le groupe soit légèrement engourdi par les transformations et englué dans ses habitudes passées. On attend donc avec impatience d’écouter le nouvel album et de voir le groupe reprendre ses marques sur scène dans sa nouvelle configuration.
Texte : Benoit Gautier
Photos © J-M Rock’n’Blues