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Brèves / 21.10.2015

Frankie Ford (1939-2015)

Tant que sa santé le lui a permis, l'apparition annuelle de Frankie Ford au New Orleans Jazz & Heritage Festival était un moment attendu par les connaisseurs. Vêtu d'un costume aux couleurs bien voyantes (jaune ou violet, selon l'inspiration), une écharpe au motif de clavier négligemment jeté sur l'épaule, avec des maniérismes à la Little Richard, on était partagé entre le rire et le ravissement, tant sa musique était profondément ancrée dans la tradition locale.

 


New Orleans, 2005 © Stéphane Colin

 

Né le 4 août 1939 à Gretna, une banlieue de New Orleans où il avait été adopté par les Guzzo et prénommé Vincent Francis. Tout jeune, il apprit à chanter, à danser et jouer du piano. Il fit partie des Syncopators au lycée avant d'être repéré par un imprésario qui le présenta à Johnny Vincent des disques Ace. Devenu Frankie Ford, il fit quelques 45-tours avant que Vincent décide de lui faire reprendre un morceau que Huey "Piano" Smith avait composé et enregistré, pensant que, chanté par un Blanc, Sea cruise avait plus de chance de séduire un large public. Stratégie payante puisque la chanson se classa honorablement en 1959 dans les charts R&B (numéro 11) et Pop (numéro 14). Il n'obtint ensuite que quelques succès mineurs avec Alimony ou Time after time. Il aurait pourtant pu renouveler l'exploit de Sea cruise lorsqu'il enregistra pour Imperial en 1960 You talk too much, sous la direction de Dave Bartholomew. Mais c'est la version de Joe Jones, parue quasiment simultanément, qui s'imposa.

 


New Orleans, 28 mai 1990 © Stéphane Colin

 


New Orleans, 28 mai 1990 © Stéphane Colin

 

Rendu à la vie civile, après avoir été incorporé en 1962, il enregistra pour de petits labels, tout en restant populaire dans les clubs de Louisiane. Il apparut en 1978 dans le film American Hot Wax, tourna en Grande Bretagne en 1984. Dans les années 1990, il cofonda le label Briarmeade sur lequel il enregistra trois albums.

Il fit sa dernière apparition sur scène en 2013 lors du Gretna Heritage Festival. C'est dans sa ville natale qu'il s'est éteint le 28 septembre dernier des suites d'une longue maladie.

Jacques Périn