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Brèves / 02.01.2013

Fontella Bass, 1940-2012

Si pour le grand public, la notoriété de Fontella Bass, qui s’est éteinte le 26 décembre 2012, se limitait à Rescue me, son tube de 1965 constamment recyclé depuis dans la publicité et au cinéma, la carrière de la native de Saint Louis, dans le Missouri, dépasse largement l’étiquette de “one hit wonder”…

Née le 3 juillet 1940, c’est au côté de sa mère, Martha Bass, une chanteuse de gospel reconnue, que Fontella fait ses débuts sur scène, comme chanteuse et pianiste, à l’âge de 10 ans. À l’adolescence, c’est à la musique séculière qu’elle s’intéresse. Après des débuts au sein d’une revue du promoteur vétéran Leon Claxton, elle rejoint l’orchestre de Little Milton, dirigé par le saxophoniste Oliver Sain, dont elle devient la chanteuse attitrée, puis la revue de Sain où elle partage le micro avec Bobby McClure. C’est à Saint Louis qu’elle fait ses premiers enregistrements, sous la houlette d’Ike Turner, pour le label Bobbin. Ces titres ont été compilés, aux côtés d’enregistrements de Little Milton et de Clayton Love, sur un disque Ace qui mérite d’être recherché, “St. Louis Blues Revue – The Classic Bobbin Sessions”.

 


Photo promo Chess Records © DR / Soul Bag Archives

 

Signée par Chess, elle rencontre le succès avec un duo avec Bobby McClure, Don't mess up a good thing, mais c’est avec Rescue me, en 1965, qu’elle obtient son plus grand tube. Enregistré avec la crème des musiciens des studios Chess (Maurice White, Louis Satterfield, Gene Barge…), ce titre, dont elle dit avoir écrit, sans être créditée, une partie des paroles, est un succès international qui atteint la quatrième place du Hot 100 et devient le premier disque Chess à se vendre à plus d’un million d’exemplaires en une décennie. Malgré le succès rencontré par ses singles suivant et par son premier album, “The New Look”, Fontella Bass décide de quitter Chess, mécontente de la façon dont la traite le label.

 


Photo promo Paula Records © DR / Soul Bag Archives

 

C’est à Paris qu’elle s’installe en 1969 avec son mari, le trompettiste Lester Bowie. Avec le groupe de celui-ci, l’Art Ensemble of Chicago, elle grave deux albums, “Art Ensemble of Chicago with Fontella Bass” et “Les Stances à Sophie”. Après l’échec commercial de son deuxième album personnel, “Free”, paru sur Paula en 1972, elle se retire quelque temps de la musique, faisant des apparitions sporadiques dans le courant des années 1980 et 1990 (les très bons albums gospel “From The Root To The Source” et “Promises: A Family Portrait of Faith”, enregistrés avec sa mère et son frère, le chanteur David Peaston ; plusieurs disques de Lester Bowie…). Elle fait son grand retour, dans un registre exclusivement gospel, à partir de 1995, publiant l’excellent “No Ways Tired”. Elle tourne régulièrement en France avec son groupe, les Voices of Saint Louis, qui comprend notamment David Peaston, et un autre album, “Travelin”, paraît en 2001. Des problèmes de santé l’éloignent à partir de 2005 de la scène et du studio. Ses faces Chess et Paula ont été compilées respectivement dans un “Very Best Of” et sur “Free (The Paula Recordings)”.

Frédéric Adrian

Photo d'ouverture : Vienne, 1999 © Brigitte Charvolin