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Brèves / 17.12.2012

Eddie “Guitar” Burns, 1928-2012

Dans l’entretien publié dans notre numéro 208, Jimmy Burns nous donnait en mai dernier des nouvelles de son frère Eddie, nous expliquant qu’il se remettait lentement et difficilement d’une attaque subie fin 2011. Hélas, le sursis n’aura duré que quelques mois, et Eddie “Guitar” Burns s’est donc éteint le 13 décembre 2012 d’une nouvelle attaque, à l’âge de 84 ans.

Né le 8 février 1928 à Belzoni au Mississippi dans une famille de neuf enfants dont il est l’aîné, il vit son enfance dans l’État où ses parents et grands-parents habitent plusieurs localités du Delta (son grand-père tient un temps un juke joint). Il apprend d’abord l’harmonica, seul en écoutant l’instrumentiste le plus influent de l’époque, John Lee “Sonny Boy” Williamson. Vers ses 15 ans, il joue déjà dans les rues de Dublin, où son frère voit donc le jour en 1943. Dès lors, quand il s’installe à Detroit en 1948, bien qu’il sache également jouer de la guitare (là aussi, apprise en autodidacte), c’est en harmoniciste accompli qu’il réalise son premier single, Notoriety woman. Une performance qui ne passe pas inaperçue et même remarquée par John Lee Hooker en personne, qui se déclare impressionné par le jeu de Burns, mais qui l’engage dès l’année suivante comme… guitariste !


Little Sonny et Eddie Burns, Detroit, 1959 © Jacques Demêtre / Soul Bag Archives

Connu sous différents pseudonymes un peu contradictoires (Big Daddy, Little Eddie, Big Ed…), il devient une petite figure du blues urbain de Detroit alors en pleine mutation et se produit dans les principaux clubs de la ville. Il parvient en parallèle à graver quelques singles, y compris pour des labels notables comme Checker et Chess, mais les ventes ne suivent pas et Burns doit également travailler comme mécanicien. Il prend le surnom d’Eddie “Guitar” Burns dans la seconde moitié des années 1950 et s’impose avec son style certes ancré dans les racines sudistes, mais il est également très à l’aise quand il s’agit de se fondre dans le R&B qui imprègne de plus en plus le blues de Detroit. Accompagnateur très demandé dans les années 1960, il retrouve John Lee Hooker en 1966 pour le fameux “The Real Folk Blues”, avant de tourner en Europe en 1972 et d’enregistrer la même année l’album “Bottle Up And Go”, puis “Detroit Blackbottom” en 1975.


Jimmy Burns et Eddie Burns, Chicago, 2005 © Brigitte Charvolin

Après une éclipse, il revient dans les années 1980 et signe trois nouveaux disques, “Detroit”, “Snake Eye” et “Second Degree Burns”. Il semble s’être produit jusqu’en 2008 avant de connaître des problèmes de santé récurrents. En tout cas, durant près de six décennies, Eddie Burns aura directement contribué à l’évolution du blues de Detroit. Quant à Jimmy, pour lequel on a une pensée, il est de nouveau frappé par un drame familial, deux ans après la mort de sa femme et un an après celui d’une de ses sœurs. Et comme il nous le glissait dans l’entretien évoqué plus haut, « on n’est pas préparé à ça ».

Daniel Léon