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Chroniques / 12.10.2020

Dirty Work Going On, Kent & Modern Records – Blues Into The 60s Vol. 1

En 1999, le label japonais P-Vine puisait dans les riches archives de Kent et Modern pour une série de compilations sous l’étiquette générique “Modern/Kent Blues Treasures”. Publiées en édition très limitée, ces disques étaient passés inaperçus par chez nous. Vingt ans plus tard, Ace se plonge dans la même source pour deux anthologies (le second volume,“If I Have To Wreck L.A.”, est annoncé pour fin septembre) qui mêlent inédits, titres parus sur les disques japonais et obscurités.

Si ces exhumations à retardement sont toujours suspectes, le résultat est cette fois-ci à la hauteur des promesses, et la musique proposée ici n’a rien à envier aux classiques West Coast parus à l’époque. Difficile, dans les 26 titres au programme, de choisir ce qu’il faut le plus admirer, entre les faces inspirées d’un Little Joe Blue qui, pour une fois, oublie d’imiter B.B. King et révèle sa propre personnalité (superbe version inédite du classique Dirty work going on, deux ans avant celle qui sera publiée sur Movin’ puis Checker) et celles d’un Larry Davis en pleine possession de ses moyens pour une poignée de titres en mode mineur qui évoquent le meilleur d’un Fenton Robinson (le sublime Something about you baby).

Plus obscur, l’ancien de la revue d’Ike et Tina Turner Stacey Johnson donne tout sur une version étendue de Consider yourself, sublimée par la guitare incandescente de son patron, tandis que l’inénarrable Fillmore Slim rappelle qu’il vaut mieux que son personnage sur l’intense (et inédit) Go ahead. Accompagné d’un batteur explosif, Big Jay McNeely amène avec son saxo un peu de diversité au milieu de tous ces guitaristes avec un Blues in G minor inexplicablement sous-titré… Blues guitar ! Sans aucun doute une des parutions “historiques” majeures de ces derniers mois.

Frédéric Adrian

Note : ★★★★★ (Le Pied)
Label : Ace
Sortie : 31 juillet 2020

Ace RecordsFrédéric AdrianSoul Bag 240