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Brèves / 26.02.2015

Clark Terry, 1920-2015

Il était véritablement un des derniers « monstres sacrés » de la trompette jazz : Clark Terry s’est éteint le 21 février 2015 à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans. Terry souffrait de diabète et était hospitalisé depuis huit jours. Né le 20 décembre 1920 à Saint-Louis, il se fabrique d’abord une sorte de flûte mais débute réellement au trombone à pistons. Dès la première moitié des années 1940, il se produit dans les clubs. Ce musicien exceptionnel entame ainsi une carrière qui va s’étendre sur près de sept décennies, et il s’apprête à jouer un rôle essentiel dans les principaux styles de jazz dit moderne, du swing des big bands (avec Ellington,, Basie, Hampton….) au hard bop de Miles Davis en passant par le bebop. Maître incontesté de la trompette, il sera plus encore  un novateur en introduisant le bugle dans le jazz, dont il tirera des sonorités incomparables, comme s’il caressait la joue de l’âme sœur…


Avec Carrie Smith, 1986. © : Brigitte Charvolin

Mais si Clark Terry est un jazzman, cela ne l’a pas empêché de travailler avec des artistes d’autres courants des musiques afro-américaines. Ainsi, seulement deux mois après avoir enregistré ses premiers titres sous son nom, il apparaît en avril 1947 dans la formation d’Eddie « Cleanhead » Vinson. Dès l’année suivante, il est membre de l’orchestre de Count Basie, et à la même époque, il inaugure une longue collaboration qui va durer près de quinze ans avec la divine Dinah Washington. En 1951, il entre dans l’orchestre de Duke Ellington pour ce qui sera sans doute son expérience la plus marquante tant son nom restera lié à celui de « The Duke »… Un certain Quincy Jones s’invite dans son univers huit ans plus tard, en février 1959, et quatre mois après, le même Quincy compte dans son orchestre à la fois Clark Terry et Ray Charles… Puis viendront au fil des années Ruth Brown (1964), T-Bone Walker (1966), Junior Wells (avec également Buddy Guy, 1966 et 1968), Jimmy Rushing (1967), Big Joe Turner (1974)…


À Nice en 1976. © : Brigitte Charvolin

Terry côtoiera aussi des Français dont Martial Solal (1960), Michel Legrand (1962), Philippe Sarde (1985), sans oublier cette séance en juillet 1982 au festival de Nice avec notamment Marcel Azzola, Moustache et Henri Salvador ! Mais pour mieux mesurer son importance et l’intensité de son activité, il suffit de se pencher sur les chiffres.  Outre plus de 250 distinctions, de 1947 à 2008 Terry a pris part à 902 sessions dont 788 comme accompagnateur et 114 comme leader, réalisant 3 403 titres aux côtés de 2 584 musiciens… Ces données sont issues de la Jazz Discography de Tom Lord, et à elle seule la discographie (disponible à cette adresse)  de Terry compte 172 pages ! Elle ne fait toutefois pas état d’un concert  du 10 juillet 1977 au festival de Nice, durant lequel Clark Terry joue sur Stormy Monday, au sein du groupe d’alors de Muddy Waters et aux côtés de Jerry Portnoy (harmonica), Luther « Guitar Junior » Johnson et Bob Margolin (guitare), Pinetop Perkins (piano), Calvin « Fuzz » Jones (basse) et Willie « Big Eyes » Smith (batterie). Vous doutez ? La preuve en vidéo ci-dessous.
Daniel Léon