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Brèves / 12.10.2015

Chronologie des musiques afro-américaines, tome II

Dix mois après le premier volume portant sur la période 1492-1919, le tome II du livre De Christophe Colomb à Barack Obama – Une Chronologie des musiques afro-américaines vient de paraître. Jean-Paul Levet est l’auteur principal de cet ouvrage auquel je collabore. Comme le précédent, il s’agit d’une publication numérique et l’éditeur reste bien sûr Soul Bag. De Christophe Colomb à Barack Obama – Une Chronologie de musiques afro-américaines, avant-propos de Jacques Périn, préface de William Ferris, éditions CLARB/Soul Bag, 372 pages (estimation), 9,50 euros, disponible à cette adresse.


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Il s’arrête cette fois sur une période plus restreinte – 1920-1942 – mais en tous points cruciale. Dans un premier temps, le choix de 1920 pour débuter ce volume ne doit évidemment rien au hasard : en effet, le 10 août de cette année-là, la chanteuse Mamie Smith a enregistré Crazy Blues, titre toujours considéré comme le premier blues de l’histoire près d’un siècle après sa réalisation. Mais au-delà de ce symbole, les années 1920 sont essentielles car elles marquent la fondation des principaux styles du blues rural – Delta Blues au Mississippi, Texas Blues, Memphis Blues, East Coast Blues, notamment –, lesquels constitueront la matrice de tous les courants à venir. La décennie voit également la naissance et le développement du gospel. L’industrie discographique est alors en plein essor, avec de nombreuses compagnies discographiques – dont certaines très importantes comme Paramount, Victor, Columbia, OKeh, Vocalion… – qui dédient des catalogues très fournis aux musiques noires spécialement destinés au public afro-américain. L’Amérique peut ainsi accéder à une culture musicale jusque-là confinée aux régions rurales et pratiquement sans possibilité de propagation…


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Contrairement à ce que l’on pourrait croire et malgré une baisse d’activité logique avec la Grande Dépression de 1929, les musiques afro-américaines ne disparaissent pas totalement dans les années 1930 et poursuivent même leur évolution. Les studios essentiellement présents dans les grandes villes du nord permettent ainsi la création d’un blues plus urbain et moderne. Au tournant des années 1930 et 1940, outre blues et gospel, de nouveaux courants préfigurent et annoncent le R&B et même la soul music, alors que les hit-parades font leur apparition avec la revue Billboard. Dans les États du sud, la période est également primordiale avec des campagnes dites de « collecte de folklore » toujours plus nombreuses, des enregistrements de terrain qui vont là aussi assurer la pérennité de la tradition rurale.


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Toute cette histoire – ou plus exactement ces histoires, tant elle se caractérise désormais par sa dimension plurielle –, nous vous la contons dans ce tome II qui reprend la même formule que le volume inaugural. En quelque trente rubriques, aux côtés des différents aspects des musiques afro-américaines proprement dites – vie des artistes, premiers enregistrements, créations de labels, évolution de l’industrie discographique et des techniques, palmarès et récompenses, livres, films, émissions de radio et de télé, éléments biographiques dont dates et lieux de naissance et de mort…, – nous intégrons de nombreux faits en relation tirés des contextes économique, politique, démographique, social et culturel. Ce tome II comporte enfin trois articles thématiques annexes : « We Can’t Buy it no More : l’Amérique de la prohibition », « Where the Black Man Came From? » et « I’ve Been Treated Wrong ou ce que dit un blues ».


La couverture de la BD Love in Vain, consacrée à Robert Johnson, signée Mezzo et Jean-Michel Dupont, parue en 2014 aux éditions Glénat.

Ajoutons pour conclure que le tome III – à paraître en 2016 – couvrira la période 1943-2015, et que les tomes IV et V seront consacrés à deux chronologies spécifiques, l’une sur Robert Johnson, « Robert Johnson : de l’homme au mythe », l’autre traitant des musiques afro-américaines par des artistes non issus de la communauté noire, « You Done Taken My Blues and Gone : de Jimmie Rodgers à Eminem, les autres interprètes des musiques afro-américaines ».
Daniel Léon