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Chroniques / 16.08.2019

Cadillac Baby’s Bea & Baby Records – The Definitive Collection

De 1959 à 1974, Cadillac Baby, de son vrai nom Narvel Eatmon (1912-1991), fut une figure de la musique populaire à Chicago, comme gérant de club et producteur avec son label Bea & Baby. En cette période dominée par le rock et la pop, il enregistra des artistes de blues, R&B, doo-wop, rock ‘n’ roll, soul, gospel, pop… 

Cette impressionnante rétrospective compte 4 CD totalisant très exactement 100 morceaux, dont cinq extraits d’interviews de Cadillac Baby. Extrêmement abouti, le livret illustré de 130 pages propose une iconographie riche et variée (artistes et groupes, mais aussi documents dont commandes, factures, contrats, reçus, listes de diffusions radiophoniques…) qui nous plonge véritablement dans le quotidien du label et de ses acteurs. Côté textes, on trouve un portrait de Cadillac Baby signé Jim O’Neal, publié à l’origine en 1971 dans Living Blues. Bill Dahl se charge des biographies des artistes, laissant toutefois à Robert Marovich le gospel. Enfin, Michael Frank, qui fonda le label Earwig et collabora durant trois ans avec Cadillac Baby avant de racheter son catalogue à sa veuve en 2006, évoque le projet dont il est à l’origine.

D’une manière générale, le blues prédomine avec des leaders de grande valeur dont Eddie Boyd, L.C. McKinley, Earl Hooker, Little Mack Simmons, Detroit Junior, Hound Dog Taylor, Sunnyland Slim, James Cotton, Homesick James, Andrew “Blueblood” MacMahon, Sleepy John Estes & Hammie Nixon. Et les accompagnateurs ne sont pas des faire-valoir : Robert Lockwood, Jr., Red Holloway, Eddie King, Lacy Gibson, Jump Jackson, Johnnie Jones, J.T. Brown, Eddie Taylor, Hubert Sumlin, Carey Bell, Fred Below, Bobby King…

Le chanteur et harmoniciste Little Mack Simmons se distingue dans cette assemblée, très présent sous son nom ou divers pseudonymes (St. Louis Mac, Little Mac et Little Mac & The Hipps), sur de nombreux blues mais aussi aux frontières du doo-wop, du R&B et de la soul au sein d’un groupe très bluesy ou avec The Chances, voire du rock à la Chuck Berry avec T. Valentine. Il s’agit bien entendu de titres rares, au mieux disséminés sur diverses compilations.

Le reste de la sélection met en scène des artistes moins connus dont les Daylighters, Bobby Saxton, Phil Sampson, Singing Sam, Lee Jackson, Andre Williams, Kirk Taylor and The Velvets, Tall Paul Hankins, Willie Hudson, Clyde Lasley, Arlean Brown, Willie Williams, et même un Unknown Blues Band ! Enfin, le quatrième CD compte dix titres de gospel, ceux d’Eddie Dean & The Biblical-Airs et des Pilgrim Harmonizers m’ayant particulièrement impressionné… Beaucoup de belles surprises et de découvertes en tout cas, pour une anthologie qui offre un panorama excitant de la scène variée du Chicago d’alors, et qui rend parfaitement hommage à cette Great Black Music qui nous porte.

Il était temps de s’attarder sur l’œuvre de Cadillac Baby, le premier convaincu de la qualité de son produit. Laissons-lui d’ailleurs le dernier mot avec l’extrait de sa dernière interview qui ponctue le quatrième CD : « I think everyone in the world should get this record […], this is real life, real history, blues, blues, blues is my soul… »

Daniel Léon

Note : ★★★★★ (Le Pied !)
Label : Earwig Music
Sortie : 16 août 2019

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