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Hommages / 26.04.2023

Billy “The Kid” Emerson (1925-2023)

Retiré de l’industrie musicale depuis les années 1970, Billy “The Kid” Emerson était, selon toute probabilité le seul artiste ayant enregistré pour Sun Records encore vivant, mais sa carrière dépasse largement ces premiers disques. 

Né le 21 décembre 1925 à Tarpon Springs, une petite ville de Floride, il apprend le piano à l’église et commence à se produire avec différents groupes locaux, avant de participer à la Seconde Guerre mondiale au sein de la Navy. De retour en Floride, il joue avec plusieurs groupes comme ceux d’Ivory Mitchell, de Billy Battle et d’Alfonso Brown, avant de retrouver l’armée, cette fois ci dans l’aviation, pour quelques mois à la fin de 1952.

Basé à Greenville, Mississippi, il se fait remarquer par Ike Turner, qui l’intègre dans ses Kings of Rhythm en tant que chanteur. C’est Turner également qui le présente à Sam Phillips et qui l’accompagne avec ses musiciens lors de sa première séance pour le label Sun qui se tient en janvier 1954. Après le petit succès rencontré par ses deux premiers singles, il monte son propre groupe emmené par le pianiste Phineas Newborn.

Trois autres disques sortent jusqu’au début de 1955, dont les compositions d’Emerson Red hot et When it rains it pours, mais l’attention de Sam Phillips est désormais occupée ailleurs, et ils passent à peu près inaperçus, jusqu’à ce que Billy Lee Riley et Elvis Presley – deux artistes blancs, ce qui n’est pas un hasard – s’emparent respectivement de Red hot et de When it rains it pours. Devenu un classique, Red hot est repris régulièrement dans les années suivantes, par Sam The Sham And The Pharaohs, Robert Gordon et Ronnie Hawkins, assurant des revenus réguliers à leur auteur.

Entretemps, Emerson est parti pour Chicago où il enregistre pour Vee-Jay puis Chess et s’impose comme une présence régulière dans les studios locaux, accompagnant à l’orgue Little Walter (Dead presidents), Junior Wells, Willie Mabon, Hound Dog Taylor, Sonny Boy Williamson (Help me) et Freddie King. Il développe également une activité d’auteur-compositeur, et ses chansons sont enregistrées par de nombreux artistes dont Buddy Guy, Lonnie Brooks, Larry Williams, Little Miss Cornshucks, Dee Clark…

Les années 1960 le voient enregistrer pour différents petits labels comme USA et M-Pac!, mais aussi sur son propre label, Tarpon, qui publie également des singles de Denise LaSalle et Matt “Guitar” Murphy. Discret tout au long des années 1970, il esquisse un comeback à la fin de la décennie, avec un nouveau single pour Rooster et quelques concerts européens, alors que nombre d’inédits émergent de ses années Sun. 

Mais ce revival est éphémère, et Emerson choisit de se tourner vers la religion, prenant la responsabilité d’une église dans l’Illinois, ce qui ne l’empêche pas de répondre en 2005 aux questions de Juke Blues. Des années 1980 à aujourd’hui, Ry Cooder, Lonnie Brooks, les Fabulous Thunderbirds, Carey Bell, Sean Costello et Jimmie Vaughan, entre autres, font vivre son répertoire. Bear Family lui consacre en 2009 une anthologie, “Red Hot – The Sun Years, Plus”, qui, comme son nom ne l’indique qu’à moitié, regroupe ses faces Sun, Chess et Vee-Jay. 

Texte : Frédéric Adrian
Photo © DR

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