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Brèves / 03.04.2015

Billy Butler, 1945-2015

Décédé le 31 mars 2015, le chanteur, guitariste et auteur-compositeur Billy Butler (sans lien avec le guitariste homonyme, entendu en particulier chez Bill Doggett) n’a jamais vraiment réussi à échapper à l’ombre de son grand frère Jerry, premier chanteur principal des Impressions et figure majeure de la scène soul chicagoane des années 1950 aux années 1980, bien que leur style ne soit pas particulièrement proche. Dès le lycée, il fonde son propre groupe vocal, les Enchanters (à ne pas confondre avec le groupe du même nom  du chanteur Garnett Mimms, ni avec la formation de doo-wop de Détroit qui enregistre pour Coral à la fin des années 1950), avec lesquels il fait ses débuts discographiques dès 1963 sur OKeh avec un 45-tours produit par Carl Davis et  arrangé par Johnny Pate, Lady love, qui paraît sous le nom de Billy Butler & The Four Enchanters. La face B, Found true love, est co-écrite avec Curtis Mayfield. En plus de leurs propres enregistrements, les Enchanters et Billy Butler assurent les chœurs sur différents disques publiés par le label, comme The matador de Major Lance. Jusqu’en 1965, Butler publie une série de 45-tours avec le groupe, dont le nom varie entre Billy Butler & The Chanters et Billy Butler & The Enchanters. Seul I can't work any longer rencontre réellement le succès, avec une sixième place dans le classement R&B de Billboard et même la soixantième place du Hot 100.

Il enchaîne ensuite avec deux 45-tours sous son nom propre, dont Right track, qui entre également dans le classement R&B de Billboard, avant de quitter OKeh pour Brunswick. Malgré un succès très relatif à l’époque, ces enregistrements ont ensuite gagné une deuxième vie sur la scène northern soul, et une intégrale avec de nombreux inédits a été publiée par Kent il y a quelques années sous le titre « The Right Tracks: The Complete OKeh Recordings 1963-1966 ».  Chez Brunswick, il continue à travailler avec le producteur Carl Davis, mais aucun de ses 45-tours pour la marque ne parvient à retrouver le chemin des hit-parades. Il doit donc attendre 1969 et la fondation du groupe Infinity pour renouer – de façon relative – avec le succès, grâce à Get on the case, publié sur le label Fountain et distribué par Stax. Le groupe, rebaptisé Billy Butler & Infinity, sort des 45-tours isolés sur Mercury et Memphis Records, dont I don't want to loose you, co-écrit avec Terry Callier et Larry Wade, qui atteint la trente-huitième place du classement R&B. La signature avec Pride permet au groupe d’obtenir un dernier petit succès commercial avec Hung up on you, qui se classe en quarante-huitième position côté R&B, et de réaliser un album du même nom. Un dernier album en 1977 sur Curtom, « Sugar Candy Lady », marque la fin de sa carrière discographique personnelle.


Avec Infinity au milieu des années 1970. © : DR / Collection Gilles Pétard

À celle-ci s’ajoute un rôle plus discret de guitariste et d’auteur-compositeur. Musicien occasionnel de son frère sur disque, il l’accompagne régulièrement sur scène à partir des années 1970 et jusqu’aux années 2000. Mais c’est en tant qu’auteur-compositeur qu’il est le plus prolifique. Co-auteur de plusieurs des plus grands succès de son frère, et particulièrement du classique I stand accused repris aussi bien par Isaac Hayes que par Percy Sledge, on lui doit également des titres enregistrés par Jackie Wilson, Gene Chandler, Major Lance, Otis Leavill, Jackie Ross, les Artistics et Garland Green. Outre l’anthologie OKeh, ses deux albums ont fait l’objet de rééditions en CD, et ses faces Brusnwick apparaissent sur différentes compilations consacrées au label.
Frédéric Adrian