;
Brèves / 19.01.2016

Aube spirituelle

Les origines des spirituals sont bien difficiles à dater précisément, mais Harry T. Burleigh (1866-1949) fait incontestablement partie des pionniers du genre, dont l’influence sera considérable. Les ouvrages sur ces précurseurs sont rarissimes et il faut donc se réjouir d’apprendre que Jean E. Snyder publiera le 15 février 2016 Harry T. Burleigh: From the Spiritual to the Harlem Renaissance. D’abord chanteur à l’église, Burleigh se fera ensuite connaître comme compositeur classique, mais il nous laisse un très grand nombre d’arrangements de spirituals. La liste de ses œuvres est bien longue mais on lui doit notamment en 1916 le premier arrangement pour soliste d’un spiritual, Deep River, et deux ans plus tard la réalisation du recueil The Spirituals of Harry T. Burleigh. Dans le tome I de l’ouvrage auquel j’ai collaboré avec Jean-Paul Levet, De Christophe Colomb à Barack Obama, une chronologie des musiques afro-américaines – Tome I – 1492-1949, et dont Soul Bag est l’éditeur, nous consacrons plusieurs passages à Burleigh, dont cet extrait du recueil cité ci-dessus à propos des spirituals : « Le plus important pour chanter ces Folk Songs réside d’abord dans la profondeur du sentiment. La voix est moins importante que l’esprit ; et ensuite le rythme, dans la mesure où l’âme noire est en lien avec lui, et que c’est une des caractéristiques essentielles de la plupart des Folk Songs. C’est un contresens que de les considérer comme des “minstrel songs”, ou de les tenir pour drôles en tentant d’imiter la façon dont les Noirs les chantent, en balançant le corps et en tapant des mains, ou en s’évertuant à imiter les inflexions particulières qui sont naturelles chez les Noirs. (…) à travers tous ces chants, il y a un souffle d’espoir, une foi dans la justice suprême et la fraternité humaine. La douleur tourne invariablement à la joie, et le message est manifeste, la délivrance de l’âme viendra, et l’homme – chaque homme – sera libre. » University of Illinois Press, 448 pages, 34,95 dollars.
Daniel Léon