Il l’a refait ! Le 19 janvier, dans un cadre assez solennel, le président américain Barack Obama avait chantonné quelques mots du fameux Let’s stay together d’Al Green. La nuit dernière, comme nous l’évoquions ici lundi, Obama et un parterre de happy few recevaient à la Maison Blanche des artistes pour la soirée « In Performance at the White House », opération traditionnellement organisée chaque mois de février dans le cadre du Black History Month. Sous-titrée cette année « Red, White and Blues », elle donnait pour la première fois la part belle au blues avec des invités prestigieux : Mick Jagger et Jeff Beck, deux monstres sacrés du rock qui ont beaucoup emprunté au genre, et bien sûr des bluesmen représentant toutes les générations, à savoir B. B. King, Buddy Guy, Shemekia Copeland, Keb’ Mo’, Gary Clarke Jr., Susan Tedeschi, Derek Trucks, Warren Haynes et Trombone Shorty. Pour sa part, Booker T. Jones assurait la direction musicale. En toute fin de concert, alors que le groupe jouait Sweet home Chicago, Buddy Guy (et non Mick Jagger comme le relaient inexplicablement les journaux français) a exhorté le président à chanter : « On sait que vous l’avez déjà fait pour Al Green, on ne peut pas finir sans que vous chantiez… » Et Obama (dont le fief est Chicago, faut-il le rappeler) de se résoudre à saisir le micro pour entonner le refrain du standard de Robert Johnson ! En attendant la diffusion de l’intégrale du concert le 27 février sur la chaîne publique PBS (Public Broadcasting Service), ce moment sympathique circule évidemment déjà sur Youtube à cette adresse. Quant à nos plus éminents médias (L’Express, Le Monde, Le Figaro, lire seulement l’article de ce dernier), ils n’ont vu que Mick Jagger, paré avec une belle originalité du titre de grande vedette de la soirée… Sachant qu’il s’agit d’un événement qui honore et célèbre la culture afro-américaine, c’est faire preuve d’un tact absolument admirable.

Daniel Léon.