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Chroniques / 24.01.2023

Yates McKendree, Buchanan Lane

À 21 ans, après déjà dix ans d’une carrière commencée dans les clubs de Nashville, Yates McKendree sort son premier album solo et fait le choix du blues électrique ”traditionnel”. 

Le jeune multi-instrumentiste commence au piano par un hommage jazzy à Ramsey Lewis et son hit de 1965, The in crowd, choix qui se lit aussi comme un remerciement à son père Kevin, claviers, auprès duquel il a tant appris. Puis vient le blues ! Une première reprise judicieuse, un morceau peu connu de la période RPM de B.B. King sur lequel Yates McKendree démontre sa maîtrise à la guitare. Il enchaîne avec une composition originale, Wise, réminiscence là aussi du groove à la B.B. King. 

Si on est déjà convaincu de la qualité de l’album, on est surtout époustouflé par l’aisance et le feeling affichés par ce jeune homme à travers son jeu sans fioriture, si juste, et ses vocaux expressifs posés très légèrement derrière le beat. No justice, composé avec Gary ­Nicholson, est un blues lent à la T-Bone Walker. Yates McKendree y chante et joue guitare, basse, batterie et orgue, seulement accompagné par son père au piano, et ce morceau est peut-être le plus beau de l’album, encore une fois si simple et si émouvant.

À ce stade, on peut évoquer le plaisir que procurait au début des années 1980 la découverte des premiers albums de Ronnie Earl ou d’Anson Funderburgh : même maîtrise du sujet, même finesse de jeu. Globalement, “Buchanan Lane” se situe dans une inspiration majoritairement “sudiste” avec, entre autres, deux reprises de T-Bone ­Walker et un passage par New Orleans avec Dr. John, Earl King et Guitar Slim. Le premier album d’un grand talent qu’on espère voir en tournée prochainement.

Éric Heintz

Note : ★★★★
Label : Qualified
Sortie : 28 octobre 2022