Joel Astley, Seattle To Greaseland
21.11.2023
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À 21 ans, après déjà dix ans d’une carrière commencée dans les clubs de Nashville, Yates McKendree sort son premier album solo et fait le choix du blues électrique ”traditionnel”.
Le jeune multi-instrumentiste commence au piano par un hommage jazzy à Ramsey Lewis et son hit de 1965, The in crowd, choix qui se lit aussi comme un remerciement à son père Kevin, claviers, auprès duquel il a tant appris. Puis vient le blues ! Une première reprise judicieuse, un morceau peu connu de la période RPM de B.B. King sur lequel Yates McKendree démontre sa maîtrise à la guitare. Il enchaîne avec une composition originale, Wise, réminiscence là aussi du groove à la B.B. King.
Si on est déjà convaincu de la qualité de l’album, on est surtout époustouflé par l’aisance et le feeling affichés par ce jeune homme à travers son jeu sans fioriture, si juste, et ses vocaux expressifs posés très légèrement derrière le beat. No justice, composé avec Gary Nicholson, est un blues lent à la T-Bone Walker. Yates McKendree y chante et joue guitare, basse, batterie et orgue, seulement accompagné par son père au piano, et ce morceau est peut-être le plus beau de l’album, encore une fois si simple et si émouvant.
À ce stade, on peut évoquer le plaisir que procurait au début des années 1980 la découverte des premiers albums de Ronnie Earl ou d’Anson Funderburgh : même maîtrise du sujet, même finesse de jeu. Globalement, “Buchanan Lane” se situe dans une inspiration majoritairement “sudiste” avec, entre autres, deux reprises de T-Bone Walker et un passage par New Orleans avec Dr. John, Earl King et Guitar Slim. Le premier album d’un grand talent qu’on espère voir en tournée prochainement.
Éric Heintz
Note : ★★★★
Label : Qualified
Sortie : 28 octobre 2022