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Chroniques / 13.09.2021

Xiomara, Sistas

Avec son piano grave un brin cubain, ses percus qui s’immiscent petit à petit, son refrain hanté et sa vibration vaudou qui tangue pour mieux vous agripper, The magician a des allures de rencontre entre Dr. John et Lauryn Hill. L’aplomb et la souplesse soul de Xiomara Watson s’épanouissent dans le tracé sinueux qu’elle élabore avec son coproducteur Son Little. Enregistré à Oakland, le troisième album de cette chanteuse de la Bay Area l’emmène bien au-delà de son statut de choriste créditée sur les disques de son acolyte de studio. Comme si, d’un coup, Xiomara décidait de hausser le ton pour dévoiler l’étendue de son jeu.

19 morceaux et 72 minutes au compteur : “Sistas” est long, imparfait mais original et attachant. Du haut niveau jusqu’à la plage 13, puis du bonus disparate dont un poème, un titre d’une collègue, un groove tribal, du funk slappé ou une superbe reprise acoustique de Oh mother, de et avec Son Little. Mais donc, avant cela, un enchaînement de réussites qui, à l’image d’une chanson-titre menaçante en couplets, lumineuse en refrain, bénéficie d’une production organique audacieuse et bosselée typique de Son Little. Le panel d’instruments et de textures est large et confère une patine particulière à des compos qui ne tiennent pas à s’enfermer dans quelque moule préconçu. Chardonnay s’appuie sur des claviers molletonnés et une batterie aérienne pour dérouler une voix évocatrice de Sting ou de Sade, tandis que Lamp et The rattler distillent un groove rampant saupoudré de piano martelé pour reconnecter à une vibration chère au R&B des ‘90s.

Des parures hispaniques ici, des chaloupes jamaïcaines là, et partout un chant investi qui témoigne d’une culture large et d’un sens de la mélodie touchante. Des ballades comme Little angel et Barbara possèdent ce souffle et cet élan qui font la saveur si exaltante de la soul. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★ (+ Scoop)
Label : MAK
Sortie : 16 juillet 2021

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