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Hommages / 24.01.2021

Winfield Parker (1942-2021)

Si la notoriété de Winfield Parker n’a que peu dépassé, au cours de sa carrière commerciale, les limites de son Maryland natal, ses enregistrements pour différents labels, régulièrement repris sur des anthologies, lui ont assuré une popularité durable auprès des amateurs de soul.

Né dans le petit hameau de Cooksville, dans le Maryland, Parker s’intéresse tôt à la musique et joue du saxophone dans différents groupes locaux. C’est avec un tel ensemble, Sammy Fitzhugh & the Moroccans, qu’il fait ses débuts discographiques, le temps de deux singles, au tout début des années 1960, avant de prendre la route avec l’orchestre de Little Richard.

Revenu à Baltimore, il monte son propre groupe, les Imperial Thrillers, mais c’est Rufus Mitchell, une figure influente de la scène locale – il est en particulier le patron de Carr’s Beach, une plage qui accueille une clientèle afro-américaine et où se produisent les principales vedettes du moment, de Ray Charles à Ike & Tina Turner – qui le convainc de faire ses débuts de chanteur, avec un single publié sur son label, Ru-Jac, en 1963, suivi d’une poignée d’autres disques jusqu’à la fin de la décennie, même si l’essentiel de son activité est scénique, Parker et son groupe faisant fonction de “house band” à Carr’s Beach.

Sa carrière discographique est relancée à partir de 1969, quand Mitchell le présente à Frank Lipsius et Jimmy Bishop, qui le font enregistrer à Philadelphie. Les résultats de ces séances sont publiés sur différents labels – Artic, Wand, GSF, Spring – interdisant à Parker de capitaliser sur sa relation avec une maison de disques en particulier, même si sa version du S.O.S. (Stop her on sight) d’Edwin Starr connaît un petit succès en 1971. Certains de ses titres, comme Shake that thing et Mr. Clean, se font remarquer sur la scène northern soul. Au milieu de la décennie, il rejoint le groupe The Best Of Both Worlds dont il est le chanteur principal et qui publie un album pour Calla, mais l’aventure tourne court. La popularité du disco le contraint à réduire son activité scénique, et seul un single paru en 1979 sur son propre label, My love for you, tente en vain de relancer sa carrière discographique.

Devenu pasteur au début des années 1980, il publie à partir de 1988 et jusqu’aux années 2000 une série de disques gospel, parfois sur son propre label, en général crédités à Winfield Parker & Praise. S’il se produit régulièrement sur le circuit gospel, il n’abandonne pas sa carrière soul, tournant sur le circuit oldies et participant occasionnellement à des “weekenders” en Europe : il était ainsi en 2019 à l’affiche du Mojo Workin’ Festival qui se tient à Saint-Sébastien dans le Pays basque espagnol. L’intégralité de ses enregistrements pour Ru-Jac a été compilée sous le titre “Mr. Clean: Winfield Parker At Ru-Jac” en 2016, et plusieurs de ses titres apparaissent sur des anthologies Kent. 

Texte : Frédéric Adrian
Photo : DR / Omnivore Recordings

Frédéric AdrianWinfield Parker