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Hommages / 03.09.2020

Willis Prudhomme (1931-2020)

Né en 1931 à Kinder, Louisiane, dans une famille de métayers, Willis Prudhomme a onze frères et sœurs dont plusieurs deviendront musiciens : Charles (guitare) et Joseph Slim (basse) joueront pendant des années au sein des Eunice Playboys de John Delafose. Il s’initie à l’harmonica pendant son adolescence mais ce n’est pas avant 45 ans qu’il apprend l’accordéon, prenant pour modèles les cajuns Iry Lejeune et surtout Nathan Abshire.

Dans les années 1970 il s’associe a batteur Leo Thomas puis fonde son propre groupe, le Zydeco Express. C’est dans ce contexte qu’il effectue son tout premier enregistrement pour Scott Billington en 1988 sur le label Rounder. Enregistré en public dans le mythique Richard’s Club, “Zydeco Live!” – qu’il partage avec John Delafose – permet d’entendre un musicien accompli. Plusieurs morceaux sont depuis devenus des classiques : My woman is a salty dog, adaptation d’une comptine enfantine ; No sad songs, réinterprétation habile d’une chanson de Joe Simon.

Par la suite Willis enregistre abondamment. En 1990, une cassette pour le label Bad Weather du producteur Mike Lachney (“Sweet Soul Zydeco”).  Il y retrouve pour notre bonheur Leo Thomas. Dans la foulée un 45-tours pour Lanor. Puis en 1990 et 1991 deux 33-tours pour Maison de Soul : une des chansons, Cornbread two step s’inspire d’un air que lui chantait sa mère en préparant du pain de maïs. En 1993, Beau Jocque reprends le thème et connaît avec son premier grand succès (Give him cornbread). En 1992 Willis apparait dans Passion Fish, film du réalisateur John Sayles. Il continue d’enregistrer pour Goldband de 1993 à 1999, puis Louisiana Red Hot en 1999 et 2000. Son dernier disque produit, par Chris Ardoin en 2006 pour le label Zydeco Gumbo, s’intitule fort justement “Living Legend”.

Depuis, Willis avait pris sa retraite, se contentant de temps à autres de faire quelques apparitions comme invité, par exemple au côté de Leroy Thomas. Eddie Shuler écrivait à son propos : « C’est l’un des musiciens les plus respecté du zydeco, tout simplement parce qu’il est un des plus sympathiques dans ce business. » Il disparait à l’âge de 88 ans des suites d’une pneumonie due au Covid 19.

Texte : Philippe Sauret
Photo © Brigitte Charvolin

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