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Live reports / 28.04.2023

Whitney Shay, Jazz Club Étoile, Paris

20 avril 2023.

Un Jazz Club Étoile bien rempli pour la première parisienne de la chanteuse californienne Whitney Shay du label allemand Ruf !

Elle est en plus bien entourée, avec la grande Laura Chavez à la guitare, la pianiste et chanteuse serbe Katarina Pejak, autre artiste Ruf, aux claviers et une rythmique maison du même label, Tomek Gherman à la basse et le Français Denis Palatin à la batterie. Tout est donc en place pour une belle soirée en deux sets, d’une bonne heure à chaque fois, dans lesquels la chanteuse va présenter un répertoire mêlant ses propres compositions issues de ses deuxième et troisième albums à plusieurs reprises de très bon goût.

Le premier set démarre avec Katarina Pejak interprétant trois beaux titres de son dernier album, avec un univers musical assez proche de celui de Norah Jones. Le changement est total avec l’arrivée sur scène de Whitney Shay qui elle propose d’emblée un répertoire rockin’ soul reposant sur une forte assise rythmique et des solos explosifs de Laura Chavez. On comprend vite où Whitney puise une partie de son inspiration puisque elle nous propose reprises d’Aretha, d’Otis (sa version de Tell the truth des 5 Royales), mais aussi, moins évident pour les spectateurs non avertis, une cover de Get it when I want it de Candi Staton, période Fame, et une d’Ann Peebles, Beware, période Hi. 

Elle enchaîne avec le gospelisant Strange things happening everyday (Sister Rosetta Tharpe) et fait chanter le public (assis) du club, public qui commence à avoir des fourmis dans les jambes ! Magnifique reprise, pour faire baisser un peu la température, du classique I love you more than you’ll ever know, compo d’Al Kooper pour le premier album de Blood, Sweat and Tears et magnifié en son temps par Donny Hathaway. Whitney convoque enfin la chanteuse argentine An Diaz, présente dans la salle, pour conclure ce set sur Evil gal, shuffle endiablé qui convient bien également à Laura Chavez, d’ailleurs chaleureusement applaudie à chacune de ses interventions, presque comme si elle était la vedette de la soirée.

Laura Chavez, Denis Palatin, Whitney Shay, An Diaz, Tomek Gherman, Katarina Pejak
Denis Palatin
Laura Chavez, Whitney Shay

C’est Katarina Pejak qui démarre à nouveau le second set et nous propose entre autres une magnifique version toute en retenue du Turtle blues de Janis Joplin. Beaucoup de titres du dernier (très bon) album de Whitney Shay vont suivre et avec eux une affirmation féministe non déguisée de la chanteuse avec par exemple sa composition Stand up ou la reprise de Denise LaSalle A woman rules the world. L’efficacité du groupe est montée d’un cran et les nappes d’orgues de Katarina Pejak sont bienvenues, le piano du premier set étant trop lointain dans le mix. Seul petit bémol d’ailleurs, un mix général ne favorisant pas suffisamment le côté groove du groupe, manque de bas médium, et guitare elle aussi un peu loin dans le mix. Et quand on connaît le son ample du dernier album d’ailleurs coproduit par Laura Chavez, c’est un peu dommage. Le public présent, lui, ne s’embarrasse pas de tels détails et a bien raison, tout le monde termine debout à danser avec en final une version explosive du Get down with it de Little Richard.

Whitney Shay semble donc bien partie pour être la digne successeur d’une certaine Candye Kane, et pas seulement parce qu’elle utilise la même guitariste et le même batteur ou qu’elle est également de San Diego, mais bien parce que le talent, la personnalité et surtout la voix sont là pour toucher le public toujours plus nombreux des multiples festivals français. Alors Whitney et Laura, à bientôt on espère !

Texte : Éric Heintz
Photos © Thierry Wakx

Laura Chavez, Whitney Shay, Denis Palatin, Tomek Gherman, Katarina Pejak

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