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Hommages / 20.11.2019

Wee Willie Walker, 1941-2019

Avec la disparition de Wee Willie Walker à l’âge de 77 ans, la soul de Memphis, du Minnesota, de Porretta Terme et de Californie perd l’un de ses interprètes les plus attachants. De retour d’une session d’enregistrement qui s’est tenue la semaine passée à Oakland, en compagnie du soul orchestra d’Anthony Paule et du producteur Jim Gaines, le chanteur s’est éteint subitement. 

En 2015 au Porretta Soul Festival (Italie), Wee Willie Walker nous avait raconté les circonstances de son retour à la musique, dans les années 2000, trente ans après ses dernières faces enregistrées à Memphis entre 1967 et 1968 et parues sur Goldwax et Checker. Comme beaucoup d’artistes de sa génération, il avait repris un travail en dehors de la musique (cuisinier, outilleur, aide-soignant) avant de renouer avec sa passion, d’abord en compagnie des Butanes de Curtis Obeda à Minneapolis, puis de Rick Estrin, rencontré sur une croisière blues, et enfin d’Anthony Paule avec qui il devait à nouveau se rendre en Europe l’été prochain. Sa musique enregistrée est d’une qualité exceptionnelle. On compte une vingtaine de titres anciens, peu ou prou réédités par les Britanniques de Ace, Kent et BGP ; et principalement quatre albums récents : deux avec les Butanes (“Right Where I Belong”, 2004 et “Memphisapolis”, 2006), un sur Little Village Foundation (“If Nothing Ever Changes”, 2015) et le dernier en date, “After A While” (2017) sur Blue Dot Records, le label de Christine Vitale et Anthony Paule. Sans oublier un excellent live capté à Notodden, en Norvège (Little Village Foundation, 2017). 

Formé à l’école du gospel, à Memphis, dans les années 1950, Wee Willie Walker quitte la ville dès 1959 pour s’éloigner des tensions raciales. Il y revient ponctuellement à partir de 1967 et y enregistre avec Quinton Claunch. Il reprend les Beatles (Ticket to ride, sur son premier 45-tours Goldwax) et sympathise avec le formidable compositeur George Jackson. Wee Willie est du calibre d’O.V. Wright et il aimait beaucoup Sam Cooke. 

On aimait beaucoup Wee Willie Walker, sa gentillesse et son rire avec lequel il ne cessait de ponctuer ses réponses à nos questions ou ses interventions parlées sur scène. Simple et modeste, Wee Willie Walker était petit par la taille et grand par le talent : « a giant at 5’2 » », comme dit son amie Christine Vitale, auteure de After a while. C’est une chanson d’amour. « After a while, it won’t hurt », dit-elle. Là, non, pas sûr. La disparition de Wee Willie Walker laisse un grand vide dans le cœur des amateurs de soul d’ici et d’ailleurs. Rest in peace

Texte : Julien Crué
Photos © Brigitte Charvolin

Porretta 2015
Avec Anthony Paule, Porretta 2018
Avec Terrie Odabi, Porretta 2018
Porretta 2018
Brigitte CharvolinJulien CruéPorretta Soul FestivalsoulWee Willie Walker