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Chroniques / 05.04.2022

Viper’s Dream, de Jake Lamar

Qui a dit qu’un homme ne pouvait pas faire deux choses à la fois ? Pas Jake Lamar, en tout cas : « Cela fait plus de quarante ans que j’écoute de la musique en écrivant », explique ce New-Yorkais installé à Paris dans la “note musicale” qui referme cet excellent polar sur fond de jazz et de drogues. 

Journaliste et auteur, notamment, de Brothers In Exile, une pièce radiophonique consacrée à Richard Wright, James Baldwin et Chester Himes, Jake Lamar nous raconte cette fois une histoire à hauteur d’homme tout simple, un certain “The Viper” Morton, un gars de l’Alabama monté à Harlem pour devenir trompettiste. Faute de talent, il devient cireur de chaussures, puis homme de main pour un « gangster juif » et enfin vendeur de joints (la loco weed mexicaine) pour le gotha des jazzmen et women de l’après-guerre. Parmi ses missions, nettoyer le quartier de l’héroïne, quitte à commettre des meurtres.

D’une plume simple et précise, Jake Lamar dresse un portrait original d’un milieu et d’une époque aussi créative que riche en personnalités hautes en couleur, de la Baronne Pannonica, protectrice de Thelonious Monk, à Charlie Parker en passant par les deux grandes interprètes de Strange fruit, Billie Holiday et Nina Simone. Une parfaite réussite. 

Julien Crué 

Viper’s Dream
Par Jake Lamar, traduit de l’anglais (États-Unis) par Catherine Richard-Mas, Rivages/Noir, 250 p., 19 €