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Live reports / 22.12.2012

VIGON & LES ROLLING DOMINOS

L’audience de Vigon s’est considérablement élargie depuis sa participation à The Voice, sorte de "télé crochet" de TF1. C’est ce que l’on m’a dit, car je pratique assez peu cette chaîne. Mais je m’en réjouis pour Vigon que j’ai découvert dans les années 60 au Golf Drouot (eh oui !) et que je considère depuis comme le plus crédible rocker et soulman à avoir émergé de la scène parisienne. Après avoir passé de nombreuses années au Maroc puis s’être contenté de prestations alimentaires dans un restaurant parisien bruyant, il a croisé la route de Didier Marty à l’occasion d’une session pour Jacques Barsamian. Le courant est passé et Marty a invité Vigon sur un titre d'un album des Rolling Dominoes. Ces derniers, biberonnés aux tubes de Fats Domino, ne pouvaient qu’adorer le répertoire de Little Richard gravé dans les mêmes studios avec les mêmes musiciens, ce répertoire qu’affectionne Vigon depuis ses débuts.

 


Vigon

 

Le ton est immédiatement donné : Tutti frutti ! Suivront Long tall Sally, Ready Teddy, Lucille, Keep a knockin’ jusqu’au final avec Bama lama bama loo et By the light of silvery moon. Le temps n’a pas eu de prise sur la voix de Vigon. Légèrement voilée, rauque et pugnace, elle possède toujours la même énergie et il sait "crier". Ses qualités vocales sont aussi appréciables dans l’autre partie du répertoire, celui qui reprend les grands classiques de la soul, empruntés à Ray Charles (I’ve got a woman, What’d I say, Hallelujah…), Otis (Dock of the bay, I’ve been loving you…), James Brown (I feel good, I’ll go crazy), Sam & Dave (Hold on, Soul men), etc. 

 


Vigon

 

Vigon et les Dominos forment un formidable juke-box de la musique afro-américaine des années 1950-60. Car l’orchestre n’est pas en reste, fort de ses onze musiciens dont sept cuivres, et d’arrangements au cordeau. Quand le professionnalisme et l’enthousiasme se rejoignent… Si tous sont remarquables dans les ensembles, quelques-uns se distinguent plus particulièrement, comme Didier Quéron au sousaphone (la basse à vent !), Jean-Jacques Cirillo à la batterie (Jeannot pour les intimes), l’excellent Bruno Brochet au sax ténor,

 


Vigon et la section de cuivres des Dominos

 

Muriel Marty au sax alto mais aussi bonne choriste que chanteuse solo (Proud Mary).  Didier Marty mérite une mention toute particulière pour ses qualités de musicien, chanteur entertainer et MC. Au sax ténor, il est parfait dans le rôle de Lee Allen, dans les reprises de Little Richard ; ailleurs, il révèle un talent de guitariste pêchu que je ne lui connaissais pas. Chanteur convaincant, il permet à Vigon de reposer sa voix de temps à autre, avec des intermèdes bienvenus sur Kansas City, Jambalaya ou Shake rattle and roll.

 


Muriel et Didier Marty, Vigon

 

Vous l’avez compris, il était difficile d’imaginer association plus réussie que celle de Vigon et des Rolling Dominos. Tout juste si l’on aimerait les voir travailler de nouveaux arrangements, plus personnels, comme ils l’ont fait pour Blueberry hill. Le public – resté fourni jusqu’à la fin du troisième set – ne s’est pas fait prier pour répondre aux sollicitations de Vigon et Marty, comme pour une version mémorable de Stand by me. Un signe qui ne trompe pas !

 


Didier Marty et Vigon

 

Texte Jacques Périn

Photos © Lucette Renard