Tail Dragger (1940-2023)
06.09.2023
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Née Myra Barnes à Houston, elle est découverte au début des années 1960 par le producteur Walter Whisenhunt, qui lui fait enregistrer en 1964 un premier single crédité à “Vikki Anderson”, qui sort sur son propre label, Whiz Records. C’est probablement par les liens qu’entretient Whisenhunt avec James Brown que la nouvellement baptisée Vicki Anderson rejoint l’année suivante la revue de celui-ci en remplacement d’Anna King.
Sa présence sur scène – elle apparaît à cette période sur deux disques consacrés aux membres de la revue, “Presenting…The James Brown Show” et “Show Of Tomorrow”, s’accompagne de la sortie régulière de singles enregistrés sous son nom sous la direction de Brown, qui paraissent sur les différents labels auxquels celui-ci est associé (Fontana, Smash, King, DeLuxe, Tuff, New Breed) et dont elle est parfois l’autrice (Never, never, never let you go, Nobody cares). Elle grave également en duo avec son patron une version incendiaire de Think, le classique des “5” Royales, ainsi que You’ve got the power. Elle assure aussi ponctuellement des chœurs en studio (Don’t be a dropout). Si elle quitte brièvement la revue, où elle est remplacée par Marva Whitney, en 1968, l’escapade est brève, le temps d’un duo pour ABC avec Bobby Byrd, qu’elle a épousé quelque temps plus tôt et avec qui elle restera mariée jusqu’au décès de celui-ci, et elle retrouve dès l’année suivante la troupe de Brown.
Pendant les années qui suivent, elle enchaîne les apparitions scéniques avec la revue de Brown – elle est par exemple au légendaire concert de l’Olympia en 1971, même s’il faut attendre 2014 et la parution de l’intégrale du show pour entendre sa prestation – et participe à ses côtés à quelques émissions de télévision comme le Tonight Show et Playboy After Dark. Si, sur scène, elle est souvent cantonnée aux standards, elle bénéficie de son propre répertoire pour ses disques personnels, malgré l’omniprésence de Brown à la production et à l’écriture, avec des titres marquants comme Answer to mother popcorn (I got a mother for you), I want to be in the land of milk and honey, I’m too tough for Mr. Big Stuff (Hot pants) et surtout l’hymne The message from the soul sisters, sorti initialement sous son nom de naissance. En 1972, elle quitte à nouveau, cette fois définitivement, la revue, laissant la place à Lyn Collins, et semble renoncer à peu de choses près à sa carrière musicale en dehors d’un single paru en 1975 sous le nom Momie-O produit par James Brown et sorti sur un de ses labels, I Dentify.
Il faut attendre les années 1980 et le regain de popularité du son brownien – son The message from the soul sisters est régulièrement samplé (Big Daddy Kane, Gang Starr, The 45 Kings…) dès la fin des années 1980 – pour qu’elle fasse son retour à la scène, soit au côté de Bobby Byrd (elle apparaît ainsi sur l’album “Live In The Stufenbau” enregistré en 1991 ) soit au sein de “all stars” centrés sur la nostalgie, comme les J.B.’s All Stars emmenés par Byrd (“Finally Getting Paid”) ou les King All Stars (“The Fabulous King All Stars”). Elle apparaît aussi ponctuellement sur d’autres projets, comme l’album “Solaria” du collectif italien Bossa Nostra ou avec Fred Wesley (“Full Circle (From Be Bop To Hip Hop)”, “Funk For Your Ass (A Tribute To The Godfather Of Soul)”).
Alors que la carrière de sa fille Carleen décolle dans les années 1990, notamment avec les Young Disciples puis les Brand New Heavies, elle se fait plus discrète, même si elle réapparaît ponctuellement, par exemple dans le cadre de la tournée hommage à James Brown montée par Bootsy Collins en 2008 et qui passe notamment par le Bataclan.
Si elle n’a – assez scandaleusement – jamais enregistré d’album complet sous son nom, ses singles, longtemps dispersés sur différentes anthologies sous le nom de Brown, ont été compilés dans deux disques distincts qui se recoupent peu, “Wide Awake In A Dream (James Brown Productions From The Pre-Funk Years)” chez BGP, consacré à ses débuts, et “Mother Popcorn (Vicki Anderson Anthology)”, plus large, publiée par Soul Brothers.
Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © DR / Collection Gilles Pétard