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Live reports / 13.03.2020

Van Morrison, Olympia, Paris

10 mars 2020.

« Merci beaucoup. » Sans rire, ces simples mots prononcés par Van Morrison, en français, sur la scène de l’Olympia sont exceptionnels. Parce qu’on ne l’avait encore jamais entendu parler notre langue. Et parce que le barde nord-irlandais les a répétés, à deux heures d’intervalle, à la fin de chacun des deux concerts qu’il a donnés à Paris ce mardi soir, au lendemain de l’interdiction en France des rassemblements de plus de 1000 personnes. 

Merci beaucoup, Sir Van Morrison, d’avoir accepté de jouer deux fois au lieu d’une afin d’éviter une annulation de votre venue dans la capitale. Sur les 1 800 personnes qui avaient acheté un billet, la grande majorité a fait le déplacement ; elles vous en sauront gré évidemment. Même s’il a fallu s’organiser, en faisant d’abord entrer les 900 premiers arrivés tandis que les suivants patientaient à l’extérieur de la salle. Mais on n’était plus à une heure près. 

19 h 30 : après deux instrumentaux joués par le groupe (habituel) du chanteur, Van the Man entre en scène. Costumes, lunettes et chapeau sombres de rigueur. « Thank you for playing », lance une spectatrice en anglais (une bonne partie de l’assistance est étrangère). Pas de réaction particulière de la star ; ce n’est pas une surprise, Morrison fait le job, autrement dit son métier. Avec en ouverture, un bon vieux titre d’Eddie “Cleanhead” Vinson, Gonna send you back to where I got you from. Ensuite, des extraits de son dernier album en date, à commencer par la chanson-titre, Three chords and the truth. Superbe. L’homme est en bonne forme. Il a le blues (solide medley période Them). Puis il invoque les grands maîtres chanteurs (de jazz) via le classique Symphony Sid ou encore son Ain’t gonna moan no more. Et n’oublie pas ses tubes comme Days like this, Moondance, Brown eyed girl et la non moins célèbre Gloria

Quelles différences entre les deux concerts (d’une heure et quart chacun) ? Une ambiance plus détendue, voire familiale lors du second. Dans les premiers rangs, on se serait cru dans un club. Et aussi ces quelques minutes dont Morrison a seul le secret : moment magique quand il délivre une version très blues du Laughin’ and clownin’ de Sam Cooke ; moment suspendu quand il nous tire quelques larmes avec un Steal my heart away aux effluves celtes. 

Keep ‘Er Lit, c’est le titre du deuxième volume de ses textes qui vient de paraître aux éditions Faber & Faber. C’est une expression irlandaise ; au pub, ça veut dire “on remet ça” ; on pourrait aussi la traduire par “on continue”, “on ne lâche rien”. La musique, ça aide à vivre (ensemble). Alors cher Van Morrison, merci beaucoup. 

Texte : Julien Crué 

Julien CruéOlympiaVan Morrison