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Live reports / 31.10.2019

Van Morrison, Bournemouth International Centre, UK

21 octobre 2019.

Un nouveau disque et une mini-tournée de six dates en Grande-Bretagne : c’est un automne comme beaucoup d’autres pour le Belfast Cowboy. Depuis toujours, mais peut-être plus que jamais, Van Morrison n’arrête pas. Mais ceux qui pensent qu’il n’arrête pas de ronchonner en étaient pour leurs frais en assistant, par exemple, à son concert de Bournemouth, dans le Dorset, sur le littoral sud-ouest de l’Angleterre. Que Van the Man se répète, c’est une chose, inévitable et non sans intérêt ; qu’il n’adresse quasiment pas la parole à son public, c’est une constante ; qu’il cache bien sa joie, c’est un euphémisme. Mais comment ne pas reconnaître qu’il continue à faire son travail de la plus belle des manières ? 

Du haut de ses cinquante et quelques années de carrière et à raison de près d’un album par an, notre homme a de quoi renouveler son répertoire scénique. Ce qu’il ne fait qu’avec parcimonie, selon une logique complexe. Ce soir-là, à Bournemouth, l’auteur de Gloria a conclu son show d’une heure et demi par… Gloria (1964) et, juste avant, a joué ce qui est sans doute son morceau le plus connu outre-Manche, Brown eyed girl (1967). Avant ça, il y a eu d’autres succès, Moondance (1970), Have I told you lately (1989) et Days like this (1995). Tous revisités, réarrangés, comme ils le sont quasiment en permanence. Moondance, par exemple, est repris en mode swing et se voit adjoindre une belle citation du So what de Miles Davis en conclusion.

Eh oui, il y a eu du jazz, sous forme d’hommage et de citations surtout : Symphony Sid cher à King Pleasure, Ain’t gonna moan no more, composition originale où Morrison parle de Jon Hendricks et de Satchmo. Il y a eu du blues, avec Baby please don’t go couplé à Parchman farm de Mose Allison. Il y a eu du Ray Charles avec I believe to my soul, morceau de bravoure pourvu ce soir-là d’un habillage particulièrement dynamique. Il y a eu deux extraits du nouvel album, Early days et Three chords and the truth, la chanson-titre – preuve que le groupe jouait ces morceaux pour la première fois sur scène, leur mise en place laissait vraiment à désirer. Et il y a eu du Van Morrison pur sucre, avec deux longues promenades à travers l’imaginaire hors-norme du barde nord-irlandais : Saint Dominic’s preview (1972) d’abord, puis In the afternoon (1995), chanson devenue ces derniers temps le support de puissantes envolées méditatives.

Et le public, dans tout ça ? Il était nombreux, relativement attentif et avide de merchandising. Et le groupe ? Dirigé par le claviériste et trompettiste Paul Moran, il fait bien le job et tient dans la main du patron (six musiciens, pas plus). Mention spéciale tout de même à la percussionniste Teena Lyle dont chacune des interventions est teintée d’une formidable folie douce et d’une grande musicalité. Au final, et puisqu’on se demande parfois dans quelle case ranger Van Morrison, on dira que c’est un artiste de variété. Tout simplement l’un des plus impressionnants du demi-siècle écoulé. 

Texte : Julien Crué
Photos © DR / courtesy of Universal

Julien Cruélive musicVan Morrison