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Brèves / 04.12.2013

Une tombe décente pour Mamie Smith

Le 10 août 1920, la chanteuse noire Mamie Smith entre à New York dans les studios du label OKeh pour une session qui fera date. On admet en effet généralement aujourd’hui que Crazy blues, enregistré ce jour-là, n’est autre que le premier blues gravé de l’histoire. Avant cela, Mamie Smith (1883-1946) a déjà une longue carrière artistique derrière elle, comme choriste dans une troupe itinérante de théâtre, chanteuse dans les clubs et les cabarets de la région de New York puis au sein de la revue de Perry Bradford, qui est également le compositeur de Crazy blues. Une chanson qui rapporte d’ailleurs à son auteur vingt mille dollars, Mamie Smith se contentant d’un forfait de cinquante dollars. Le succès considérable du disque fera surtout la fortune de la marque OKeh (qui a sorti ses premiers disques deux ans plus tôt), qui lancera peu après la vague de fond des race records, permettant la naissance et la propagation de la tradition musicale afro-américaine. Dans ce contexte un peu particulier, blues et jazz vivent alors un premier apogée significatif et symbolique qui durera jusqu’à la Grande Dépression. Mamie Smith mériterait bien d’être justement honorée, et pour commencer, en disposant d’une pierre tombale digne de ce nom. En effet, elle repose aujourd’hui au Frederick Douglass Memorial Park de Staten Island à New York, mais seule une tombe sommaire et anonyme au milieu d’un champ rappelle sa mémoire. Pour remédier à cela, une première campagne de récolte de fonds (indiegogo) avait été lancée l’été dernier en vue d’ériger une vraie stèle, mais sans parvenir à rassembler la somme nécessaire (six mille dollars). Une deuxième campagne a donc été mise sur pied, et comme d’habitude avec ce type d’opération il est possible (et très simple) de contribuer en ligne. La date limite est cette fois fixée au 22 décembre 2013, et tous les éléments nécessaires figurent à cette adresse.