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Live reports / 13.12.2017

Trombone Shorty & Orleans Avenue

Star contemporaine numéro un de la riche scène néo-orléanaise, Troy Andrews aka Trombone Shorty, 31 ans, aime la France, laquelle le lui rend bien. Il s’est produit dans la plupart de nos festivals (sauf Marciac ?) et, rien qu’à Paris, à la Boule Noire, à la Maroquinerie, au Parc Floral, à la salle Pleyel. Il était à l’Olympia pour la seconde fois, un Olympia comble qui a d’abord fait un bel accueil au jeune et sympathique soul singer Jeangu Macrooy, originaire de Suriname (l’une des trois Guyanes, la néerlandaise), seul sur scène avec sa guitare sèche et déjà un tube High on you, numéro un dans son pays natal.

 


Jeangu Macrooy

 

Avec Orleans Avenue, et en tout juste deux heures, pas un temps mort, une utilisation virevoltante et permanente de la vaste scène. Le petit-fils de Jessie Hill (Ooh poo pah doo), notre très physique, infatigable et fort brillant tromboniste-trompettiste, prend son public à bras le corps, pousse ses musiciens qui ne cessent de danser (jusqu’au bassiste Mike Ballard en plein trip limbo à ras de sol) à des battles, des duos inspirés, univers dans lequel semble s’être parfaitement fondu le nouveau venu, un deuxième guitariste en la personne de Joshua Connelly passé par la Berklee School of Music et le groupe Big Sam’s Funky Nation. Apport bienvenu tant sa culture musicale paraît plus riche et variée que celle du titulaire historique Pete Murano, resté ancré dans une posture rock quelque peu surannée et prévisible.

 

 

 

 

 

D’emblée, la bondissante paire de saxophonistes composée de BK Jackson (ténor) et Dan Oestreicher (baryton) a d’ailleurs prouvé que ces deux instruments combinés (sorte de réincarnation d’une autre fameuse paire du Nola des années 60, Lee Allen et Alvin “Red” Tyler qui officièrent pour Little Richard et Fats Domino) pouvaient produire une musique tout aussi excitante que celle de n’importe quel guitar hero

 

 

 

 

 

Le répertoire de ce soir ne s’est guère appesanti sur le dernier disque du groupe “Parking Lot Symphony” (à vrai dire bien moins excitant que ce que l’on voit sur scène) avec seulement quatre morceaux : l’extraordinairement sexy Here come the girls d’Allen Toussaint rendu célèbre par l’iconoclaste Ernie K-Doe ; Tripped out Slim qui donne l’occasion à Shorty de rendre un bel hommage à James Brown, Where it at?,  écrit avec Kevin Griffin du groupe Better Than Ezra et le brilllant Ain’t no use des Meters.

 

 

 

 

 

La fin du concert et les deux rappels marquent un retour aux fondamentaux avec When the saints et un medley Mardi gras in New Orleans/Down by the riverside. Le public, ravi et transporté, a fait un triomphe à cette musique d’aujourd’hui qui amalgame et redéfinit funk, jazz, rock, hip-hop et R&B mais qui a su garder l’esprit et préserver l’essence même du son de La Nouvelle-Orléans.

Jean-Pierre Bruneau
Photos © Frédéric Ragot