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Brèves / 13.07.2012

Trombone Shorty, la force, Hugh Laurie, la classe

Jazz à Vienne, 12 juillet 2012. C’est en quelque sorte un nuit du blues « bis » qui nous attend pour cette avant-dernière soirée du festival. Trombone Shorty se présente le premier pour deux instrumentaux absolument assourdissants, notamment par la faute du guitariste Pete Murano et surtout du bassiste Mike Ballard, qui espèrent sans doute voir les vieilles pierres du théâtre antique se desceller… Il n’empêche, il faudra bien un jour nous expliquer pourquoi les musiciens éprouvent le besoin de jouer aussi fort, diluant ainsi toute nuance dans un déluge sonore. Heureusement, les choses s’arrangent (et l’oreille s’y fait !) quand Trombone Shorty se met à chanter sur une version funky d’On your way down. On peut ensuite enfin profiter de la qualité des musiciens, en premier lieu du batteur Dwayne Willams, pour le moins percutant, et des deux saxophonistes Dan Oestreicher (baryton) et Tim McFatter (ténor), qui se livrent une belle « bataille » sur Whole lotta loving . Et le concert s’envole joyeusement quand le leader enchaîne I got a woman et She’s alright , sur lequel il s’offre un bain de foule. Visiblement pas gênée par le son, ladite foule en redemande et obtient un rappel (What you gonna do to me ), sur lequel elle fait la fête aux musiciens qui échangent leurs instruments pour son plus grand bonheur. Trombone Shorty évolue incontestablement à la tête d’un super groupe, mais on l’apprécierait encore davantage s’il réduisait les décibels. Du coup, l’ambiance semble presque feutrée quand la formation d’Hugh Laurie s’installe. Sympa et facétieux, Laurie échange avec le public, plaisante avec goût et prend le temps d’expliquer les origines des titres qu’il propose, ce qui dénote au passage une réelle culture musicale. De toute façon, cultivé, celui que la reine Élisabeth II a fait Officier de l’ordre de l’Empire britannique en 2007, ne peut que l’être… Pour ce concert, il puise largement dans le répertoire de son CD « Let Them Talk », très inspiré de la Louisiane avec des reprises datant souvent des années 1920 et 1930. Chanteur honorable et pianiste accompli, il s’entoure d’un groupe à géométrie variable avec une choriste, un organiste/accordéoniste, un batteur/percussionniste surprenant (il joue avec trois baguettes, deux dans la main droite et une dans la gauche, quand il n’ajoute pas un tambourin !), un clarinettiste/saxophoniste/harmoniciste, un guitariste/mandoliniste… La formation alterne avec classe et verve des standards (Mellow down easy, Saint James infirmary, Battle of Jericho, Tipitina, avec toujours des arrangements soignés) et des choses moins courantes (Buddy Bolden’s blues et Winin’ boy blues de Jelly Roll Morton, ou bien Swanee river, composée par Stephen Foster en… 1851 !). Certes, il ne s’agit que de reprises, mais c’est interprété avec originalité et une fois encore avec des arrangements personnels, et si ce docteur-là n’est pas Dr. John, ses potions en valent bien d’autres.