Ils nous quittent : Lillian Boutté, JoJo Wallace, Walter Scott, Cavin Yarbrough, Daddy Mack, Patti Drew…
03.07.2025
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Né à Pittsburgh le 18 juin 1933, Thomas James Hunt connaît une enfance turbulente, avec en particulier un passage en maison de correction, mais la musique ne tarde pas à y occuper une place importante, et il participe régulièrement à des “talent shows” locaux. Pour fuir les ennuis, sa mère et lui s’installent à Chicago. Il s’engage ensuite dans l’armée, mais déserte pour rejoindre sa mère mourante, ce qui lui vaut un séjour en prison. Une fois libéré et revenu à Chicago, il forme son premier groupe, les Five Echoes, qui grave quelques singles dans un registre doo-wop.
En 1956, il est repéré par Zeke Carey, membre des Flamingos, un ensemble déjà bien installé. Celui-ci lui propose de le remplacer temporairement le temps de faire son service militaire, mais il s’intègre tellement bien qu’il reste avec le groupe après le retour de Carey et participe à leurs plus grands succès, dont leur version du standard I only have eyes for you qui atteint la 11e place du classement pop de Billboard en 1959. Il quitte l’ensemble quelques mois plus tard pour se lancer dans une carrière solo, qui le voit publier une série de singles – dont la première version enregistrée du I just don’t know what to do with myself de Bacharach et David – et un album pour Scepter. C’est pour ce label qu’il connaît son plus gros succès personnel en 1961 avec Human, une composition de Luther Dixon à l’origine publiée en face B d’un single, suivi deux ans plus tard par un autre tube, I am a witness, qui montre jusqu’au troisième rang du classement R&B de Billboard. Si sa réussite discographique reste limitée, il acquiert une grande réputation scénique et devient un habitué de l’Apollo et des tournées du chitlin’ circuit. Il quitte Scepter au milieu des années 1960, mais continue à travailler avec Luther Dixon chez Dynamo, où il décroche un dernier petit tube avec The biggest man, tout en publiant quelques singles pour Capitol et Atlantic.
Un peu passé de mode à la fin des années 1960, il commence à se produire régulièrement en Europe et particulièrement en Grande-Bretagne où la scène northern soul lui réserve un accueil triomphal. C’est dans ce milieu qu’il relance sa carrière discographique, avec en particulier plusieurs singles sur le label Spark qui lui permettent même d’entrer dans hit-parade britannique (Crackin’ up, Loving on the losing side et One fine morning) et deux albums dont un live enregistré au fameux Casino de Wigan. Si ce succès est éphémère, Hunt enregistre régulièrement jusqu’au début des années 1980 et plus ponctuellement ensuite. Il grave même en 1996 un album produit par Swamp Dogg, “Until My Arms Fall Off”, qui paraît sur le label de celui-ci.
Désormais installé en Europe – essentiellement en Angleterre, mais aussi un temps à Amsterdam –, il enchaîne les concerts, notamment dans le monde de la northern soul, mais aussi du côté du doo-wop, participant même ponctuellement à des reformations des Flamingos, au moins jusqu’en 2022. Il publie également une autobiographe, Only Human – My Soulful Life, en 2008. Très apprécié du public britannique, il se produit presque jusqu’à la fin de ses jours. Kent-Ace lui a consacré plusieurs anthologies, dont “The Biggest Man” et “The Complete Man”, tandis que Jasmine a retracé ses premières années, y compris en groupe, sur “Human: The Tommy Hunt Story 1953-1962”.
Texte : Frédéric Adrian
Photo © DR