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Hommages / 13.03.2022

Timmy Thomas (1944-2022)

Originaire d’Evansville, dans l’Indiana, où il est né le 13 novembre 1944, c’est sur la scène de Memphis que le pianiste et organiste Timothy Thomas se fait tout d’abord remarquer comme musicien de studio, en particulier pour Goldwax, pour qui il enregistre dès 1964 au sein de Phillip & the Faithfuls, avant d’y publier deux singles sous le nom de Timmy Thomas en 1967, sans grand résultat. 

Installé au début des années 1970 à Miami, il publie un single pour le label local Climax avant de faire ses débuts sur Glades, un des nombreux labels de l’empire du “record man” local Henry Stone. C’est là qu’il décroche son plus gros succès avec une chanson dont l’impact dépassera vite son auteur, Why can’t we live together

Enregistrée comme une démo par Thomas seul à l’orgue aux Dukoff Recording Studios de Miami, avec l’accompagnement minimaliste d’une boîte à rythme primitif, c’est finalement cette version de la chanson qui est publiée en single, à l’initiative du producteur maison Steve Alaimo, qui renonce à en produire une version plus habillée. Sorti en single courant 1972, Why can’t we live together, avec son son atypique, devient un tube monumental, qui atteint le sommet du classement R&B et la troisième place du Hot 100, mais aussi un standard repris quasi immédiatement par Jimmy Smith et depuis par de nombreux artistes, de Sade à Iggy Pop (avec le Dr. Lonnie Smith) en passant par Lucky Peterson, Stevie Winwood, Kyle Eastwood et Joan Osborne. Un album construit autour de la chanson et portant son titre sort dans la foulée, et connaît un certain succès.

Bien qu’il enregistre quatre albums supplémentaires, toujours pour Glades, dans la suite de la décennie, il ne retrouvera jamais ce niveau de réussite, même si une dizaine de singles, parfois publiés sur Polydor ou T.K., se classent dans les charts R&B. À défaut d’une carrière solo à succès, il devient un des piliers de la scène soul de Miami, retrouvant  en parallèle à ses propres disques son rôle de musicien de studio pour accompagner Blowfly, George et Gwen McCrae, Betty Wright, Little Beaver, Milton Wright… À la fin de l’aventure Glades, il enregistre pour différents petits labels (dont un dernier vrai album, “Gotta Give A Little Love (Ten Years After)”), collabore avec la chanteuse Nicole McCloud et se produit sur le circuit de la nostalgie alors qu’Herbie Hancock enregistre une de ses compositions sur son album “Sound-System”. 

Sa présence au sein du groupe all stars monté par Betty Wright pour les “Soul Sessions” de la chanteuse Joss Stone en 2003 (ainsi que sur l’album suivant de celle-ci) attire à nouveau l’attention sur lui, et il participe à l’album “Gwen McCrae Sings TK”, partageant avec celle-ci une nouvelle version de sa chanson fétiche (qu’il avait déjà réenregistrée dans le courant des années 1990). C’est cependant l’utilisation d’éléments de cette même composition dans le Hotline bling de Drake en 2017 qui lui permettra de se rappeler une dernière fois à l’attention du public.

Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © DR / Collection Gilles Pétard