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Chroniques / 06.04.2020

Thundercat, It Is What It Is

Après l’hédonisme enivré de “Drunk”, les lendemains de gueule de bois. Et pour cause, le rappeur Mac Miller, fréquent collaborateur et ami de Thundercat, n’est plus. Un absent dont le spectre hante insidieusement ce quatrième long format, produit par son complice habituel et patron de label Flying Lotus. La mélancolie du deuil s’immisce çà et là entre les lignes, même dans des moments en apparence légers et festifs comme le disco funk bondissant de Funny thing. Mais que l’on se rassure, le chanteur-bassiste de Los Angeles demeure toujours aussi farceur et fantasque.

Ce fana de pop culture nippone est capable d’écrire sur les sujets les plus loufoques, comme un bandana à l’effigie d’un célèbre manga sur Dragonball durag, sur lequel ondoie le sax crémeux de Kamasi Washington. De même, l’univers des jeux vidéo saute aux tympans sur l’épileptique I love Louis Cole, où ce dernier nous gratifie d’une nouvelle démonstration de son jeu de batterie survitaminé, avant que la basse du maître des lieux nous propulse dans les confins intergalactiques du jazz fusion. Black qualls est une réunion rêvée au sommet du funk, où la crème de la nouvelle génération (Steve Lacy, Childish Gambino) fait cause commune avec le légendaire Steve Arrington de Slave, même si le morceau évoque plutôt le Miguel de “Wildheart”. Overseas ravive à nouveau la blue-eyed soul californienne de ses ex-collaborateurs Kenny Loggins et Michael McDonald (encore invité sur Bye for now, bonus de la version japonaise), à mille lieues du glauque King of the hill, qui porte la patte unique des BadBadNotGood.

Bien qu’adepte d’une musique plutôt cérébrale, Thundercat prouve qu’il sait aussi émouvoir comme sur l’épilogue It is what it is, une ballade recueillie et dépouillée, toute en dissonances jazz, où il s’adresse à son camarade disparu. 

Mathieu Presseq

Note : ★★★½
Label : Brainfeeder
Sortie : 3 avril 2020

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