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Live reports / 15.11.2022

Thee Sacred Souls, New Morning, Paris + Paul B, Massy

2 et 3 novembre 2022.

Les lecteurs réguliers de Soul Bag ont dû s’en rendre compte, on apprécie plus qu’un peu ce trio de San Diego depuis la mise en ligne de sa carte de visite, le “tube” Can I call you Rose. Et comme on n’aime pas faire les choses à moitié, on est partis assister aux deux représentations que donnait Thee Sacred Souls ce début novembre en Île-de-France. Une double ration de cette soul extatique dont ils ont fait leur marque de fabrique.

Tendre Banlieue

Pour le concert à Paul B dans le cadre des Primeurs de Massy (Essonne), c’est à eux que revenait la difficile tâche d’ouvrir le festival. Pari gagné dès le premier titre. Alors que résonnaient les accords d’Overflowing, la salle encore légèrement clairsemée en ce tout début de soirée s’est mise à chalouper, naturellement pourrait-on dire.

Deux choristes, un clavier et un guitariste épaulent sur scène le noyau dur du groupe (Sal Samano, Josh Lane et Alex Garcia interviewés dans SB 248). Sous un très joli jeu de lumière qu’on aurait adoré retrouver le lendemain, nos Californiens dérouleront 45 minutes d’un set faisant corps avec leur seul et unique album. Peut-être par peur de ne pas avoir le temps d’expédier une setlist pourtant resserrée, on a presque l’impression que les titres ont gagné quelques BPM par rapport aux versions studio. 

Difficile pourtant d’atteindre la dizaine de titres avec ce temps imparti, mais Josh Lane en excellent “love preacher” qu’il est, aura cette bonne idée de descendre plusieurs fois parmi le public, micro en main pour nous souffler ses textes au plus près de nos oreilles. Une approche qui semble avoir séduit un public qui n’était peut-être pas venu pour ce groupe, puisqu’ on en comptait cinq dans la soirée, le principe des “Primeurs”. À voir les mines réjouies au terme de ce mini show, les vibrations ondulantes de cette soul alanguie sont apparemment très bien passées, pour une première, c’est réussi. À demain les amis !

Corps à corps…

Deux tours de cadran plus tard et nous voilà une fois encore agglutinés avec bonheur dans ce New Morning qu’on aime tant. Hors festival cette fois, c’est  une salle comble qui attend avec impatience cette jeune garde, digne et légitime représentante de la soul qu’on qualifie de lowrider.

Intergénérationnel et paritaire, le public est compact. Difficile de se frayer un chemin jusqu’à la fosse, mais on y parviendra pour assister à l’entrée sur scène des sept musiciens ainsi qu’aux premières mesures qui, à nouveau, révèlent un Overflowing de très belle facture et, cette fois, au juste tempo (donc très lent). 

Naturellement, le public ce soir réceptionne les titres avec beaucoup plus d’entrain et de vigueur que la veille, car entièrement acquis à la cause. Pour le groupe aussi, le ressenti semble être différent. Josh Lane parle pas mal entre les titres, se permet des allées et venues partout où le fil du micro lui permet d’aller. Nippées dans de jolis habits un brin rétro, les choristes chaloupent un poil plus que la veille aussi, plus détendues sûrement. On reconnaît ce qui nous avait séduits sur disque : ces succulents grooves slow tempo et ce chant haut perché de Lane qui sans le soutien des deux voix féminines finirait peut-être par être trop doucereux.

Alex Garcia
Josh Lane
Tatiana Sandate

…au cœur de Paris

La thématique parle d’elle-même et Josh Lane, comme hier soir, remet une couche de prêche quasi systématique avant d’entonner les titres suivants : Love is the way, Trade of hearts, Future lover, Love come easy, Weak for your love…. et pas mal d’autres encore. Il y en aura une petite quinzaine ce soir. Sans  débordements, format cadré single et quelques tours de passe-passe batterie-guitare-basse qu’on s’interchange le temps d’un ou deux titres. Puis c’est la choriste Jensine Benitez qui aura son moment en interprétant une face de son tout récent 45-tours chez Penrose, Ilusion de amor

Une heure et des poussières de cette soul au ralenti qui leur va décidément si bien et c’est le temps d’un rappel qu’on pouvait évidemment soupçonner : Can I call you rose enflamme une dernière fois la salle du 10e arrondissement. 

Dans cette étrangement douce nuit parisienne de novembre, ces derniers effluves de vibrations californiennes résonneront encore un moment dans tous ces cœurs réjouis, comblés, voire… brisés, de ne pas avoir pu se faire dédicacer ticket de concert et/ou vinyle tant le demande était pressante autour des musiciens. 

À l’image de leur album paru il y a deux mois seulement, la double ration de ces dernières 24 heures est parfaitement digeste, savoureuse et délicate. On va donc continuer à suivre ces sacrés kids de près, promis !

Texte : Julien D.
Photos © Frédéric Ragot

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