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Live reports / 22.10.2018

The Marcus King Band

Vingt-deux ans et l’aplomb d’un vieux briscard qui a déjà sillonné de larges pans de son Amérique. Quand Marcus King s’empare d’une Cigale assise mais pleine, on bascule dans le Sud qu’on aime, celui ouvert aux autres, celui qui prend le temps de distiller un incroyable mélange d’épices. Le Sud des Allman Brothers, de Warren Haynes, de Derek Trucks, de Chris Stapleton. Ce Sud où rock, soul, country, gospel et blues ne cessent de gommer toute notion de frontière. ES-345 rouge, versatile et nerveuse, chant bouillant trempé dans un bain d’épines façon Wilson Pickett : le jeune homme de Greenville (Caroline du Sud) a lui-même de sérieux atouts pour convaincre, mais aussi un sacré quintet (cuivré) à ses côtés. 

 

 

 

Ça respire la culture jam band avec une nette envie d’explorer toute piste qui les fait vibrer. Ainsi l’on passe sans encombre, parfois au sein d’un même morceau, d’un méchant riff sorti de la Iommi Academy à une embardée jazz-funk, d’une salve de trompette-ténor à un solo de clavier deux-en-un (main gauche sur le Rhodes, main droite sur le clavinet). Dommage que le volume sonore et l’acoustique de la salle ne rendent pas toujours justice aux deux souffleurs perchés sur leur estrade ni à la voix de Marcus parfois trop lointaine. Du coup, c’est d’autant plus à travers ses ballades country soul qu’on prend réellement la mesure de sa maturité bluffante. C’est d’ailleurs une dominante du tout neuf “Carolina Confessions”, excellent troisième album que le groupe a publié cinq jours plus tôt.

 

 

 

 

Arrivé en milieu de premier set, ce Homesick reste un des grands temps forts d’une prestation généreuse. Rita is gone, extrait de l’album précédent, illuminera de la même manière le second round. Quant aux tout nouveaux Where I’m headed (en ouverture), 8 am, le très Stax How long  ou encore le musclé Welcome round here, ils s’accommodent facilement du live même si l’on se doute que l’avenir leur réserve un épanouissement scénique plus marqué, pétri de mutations naturelles chères au sextette.

 

 

 

Si Marcus King communique peu et reste avant tout concentré et investi dans sa musique, on apprécie la complicité évidente qui règne sous les projecteurs et ces petits plus révélateurs du potentiel du MKB – ici le ténor qui saisit une flûte traversière, là le renfort du trompettiste au tambourin ou au chœur. Et pour qui n’aurait pas mesuré l’influence des grandes voix de la soul dans l’approche du leader, ce dernier livre avec The weight un bel hommage à Aretha. À sa manière, porté par un large courant d’effluves émanant du Sud radieux.  

Nicolas Teurnier
Photos © JM Rock’n’Blues
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Line-up : Marcus King (vo, g), Justin Johnson (tp, tb, tamb, bkg vo), Dean Mitchell (ts, fl), DeShawn Alexander (kbd), Stephen Campbell (b), Jack Ryan (dm).