Koko Taylor, Crown Jewels
25.09.2025
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Marcus King poursuit son exploration méthodique des grands courants de la musique états-unienne en s’attaquant cette fois à la country, un style qui a baigné toute son enfance et coloré certains de ses plus beaux morceaux, mais qu’il n’avait jamais abordé avec autant de franchise.
Le résultat est aussi riche qu’éblouissant, tant pour la qualité du songwriting (le raffinement harmonique, l’habileté mélodique), l’urgence et la vérité des textes (même si son récent mariage lui procure bonheur et sécurité, on le sent toujours tiraillé par ses démons…) et l’excellence de l’interprétation. C’est en effet la première fois depuis 2018 qu’il enregistre avec son groupe de scène. Et quel groupe ! Arabesques de slides, giclées d’orgue Hammond, basse caoutchouteuse, batterie mate et relâchée, chœurs enflammés, cuivres rougeoyants : chaque intervenant éclabousse de son talent ces 14 vignettes qui frappent par leur concision et leur caractère essentiellement acoustique.
Dans ce set d’une grande cohérence et dont la profondeur se dévoile un peu plus à chaque écoute, on retiendra en particulier No room for blue (une renversante ballade soul : cette voix de damné, ces phénoménales envolées de guitare !), le single Honky tonk hell (à verser illico au panthéon de la country funk), Blue ridge mountain moon (qui démarre en mode vaporeux puis s’achève en bacchanale gospel), Levis and goodbyes (son riff stonien, ses chorus harmonisés), Die alone (une élégie crépusculaire digne de Steve Earle ou Townes Van Zandt) ou Heartlands et sa mélodie irrésistible.
En clair, un nouveau bijou ciselé par un artisan-poète dont l’œuvre se confond avec le destin et dont la puissance émotionnelle, le souffle créatif et l’humanité connaissent bien peu d’équivalents aujourd’hui.
Ulrick Parfum
Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Republic
Sortie : 26 septembre 2025