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Live reports / 23.01.2023

The Lachy Doley Group + RoSaWay, New Morning, Paris

18 décembre 2022.

Pas évident d’attirer le public au concert un dimanche soir de décembre, qui plus est quand celui-ci se tient le même jour qu’une finale de coupe du monde… C’est pourtant un New Morning plus que correctement rempli – y compris, d’ailleurs, avec des fans de Rosaway, qui assure la première partie – qui attend le groupe de l’organiste australien Lachy Doley pour sa première visite française.

En ouverture, c’est les deux membres de RoSaWay – soit la flûtiste et chanteuse Rachel Ombredane et le batteur Stéphane Avellaneda (ancien du groupe Mercy et de l’orchestre d’Ana Popovic) – qui viennent présenter leur répertoire entre pop et soul contemporaine. S’ils se produisent parfois avec des musiciens, c’est en format duo qu’ils jouent ce soit, renforcés d’un peu d’électronique, et Rachel Ombredane ne cache pas son plaisir de jouer au New Morning pour la première fois, après avoir en particulier fréquenté les clubs de La Nouvelle-Orléans. Les supporters du groupe, venus en nombre,  accueillent avec enthousiasme les titres parus sur leurs différents disques, et l’heure de show – dont Lachy Doley suit une bonne partie avec intérêt au milieu du public, qui ne semble pas le reconnaître ! – passe très rapidement, jusqu’à un rappel tout à fait mérité.

RoSaWay

Le temps d’une courte pause et de l’installation des différents claviers et c’est au tour du quartet de Lachy Doley (le batteur Jackie Barnes, fils du chanteur rock Jimmy Barnes et frère de la chanteuse Mahalia Barnes et le bassiste Joel Burton, deux collaborateurs réguliers) de rejoindre la scène. Il n’a pas encore joué une note que les spectateurs scandent déjà son nom, et il ne tarde pas à répondre à leur enthousiasme avec Stop listening to the blues – un conseil qu’il suggère de ne pas suivre ! –, un titre de son album de 2015 “Conviction”. 

Il perd un peu son public avec le morceau suivant, qui est justement celui qui donnait son titre au disque de 2015, une ballade soul sans doute un peu éloignée de ses capacités vocales, mais les retrouve sans problème quand il passe à son autre instrument de prédilection en dehors de l’orgue, le fameux clavinet à barre whammy, pour la reprise du Voodoo child dont la vidéo diffusée sur Internet a largement contribué à sa réputation. L’interprétation spectaculaire est au niveau des attentes du public, mais Doley sait aussi éviter de sombrer dans le gimmick en intégrant dans sa version un passage où son chant n’est accompagné que par la basse et la batterie. 

Lachy Doley
Jackie Barnes

En dehors de quelques emprunts, cependant, comme le Use me de Bill Withers et le Just kissed my baby des Meters (chanté par Barnes), c’est autour du répertoire personnel de Doley que tourne le concert, avec des compositions accrocheuses, même si elles sont parfois un peu prévisibles, comme Only cure for the blues ou Give it (But you just can’t take it). Doley passe de l’orgue au clavinet selon les morceaux, mais c’est le premier qui domine et sur lequel il s’avère le plus intéressant. 

Au contraire d’un Delvon Lamarr, ses influences viennent clairement des instrumentistes rock comme Jon Lord ou, surtout, Steve Winwood, plutôt que des pionniers afro-américains de l’instrument, et cette source se manifeste particulièrement sur Make it up, qui fait penser au Gimme some lovin’ signé par Winwood avec ses collègues du Spencer Davis Group. Sans doute moins intéressé que moi par ces questions de généalogie artistique, le public très enthousiaste – il me semble que c’est la première fois que j’entends des spectateurs scander le nom de l’artiste pendant son set au New Morning ! – fait un triomphe mérité au show hyperénergique de Doley, qui semble prendre un immense plaisir à l’interaction avec ses supporters.

Si j’aurais apprécié quelques moments de détente dans cette déferlante quasi ininterrompue, impossible de nier l’implication de Doley dans sa musique et l’efficacité de celle-ci, alors que c’est au clavinet que Doley clôt le show avec un titre plutôt rock, A woman. Au vu de cette première très réussie, il est certain que son trio n’aurait aucune difficulté à se faire une place sur le circuit des clubs et des festivals français si Doley décidait de cultiver sa présence en Europe. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © JM Rock’n’Blues
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