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Live reports / 21.03.2019

The Como Mamas

New Morning, Paris 10e, 17 janvier 2019.

Si les Como Mamas ont sorti des disques chez Daptone Records, elles ont leur style bien à elles et Della Daniels invite d’emblée le public parisien à profiter du concert comme un moment de détente, sans oublier de préciser qu’il va falloir taper dans ses mains et frapper du pied par terre. La messe est dite ! La performance débute a cappella et les trois chanteuses sont vite rejointes par un guitariste (Jake Fussell) et un batteur (Wallace Lester). Le chant est gospel mais l’accompagnement se fait blues, coriace, répétitif comme souvent dans les musiques du nord du Mississippi. La ferveur en introduction de He’s calling me fait place plus loin à un roulement de batterie qui donne plus de swing à la performance, et les applaudissements qui suivent en sont d’autant plus généreux.

Della Daniels

Ester Mae Smith

Angelia Taylor

Jake Fussell

Pas de demi-mesure avec ces trois femmes issues d’une des régions les plus durs de l’État du Mississippi : « When things get hard keep on running », c’est le moment de 99 1/2 won’t do qui nous amènes plus près encore des collines de Como, le patelin d’où ces gospel sisterssont originaires. Le message est proche de Dieu, néanmoins le groove est terrien : du juke-joint à l’église, il n’y a que le temps qui sépare le samedi du dimanche. Si chacune des interprètes se relaye au lead sur l’ensemble du concert, Della Daniels est sûrement la plus bavarde des trois, elle n’hésite d’ailleurs pas à se livrer longuement sur le décès de sa mère avec un mélange d’humour et de sentiment douloureux avant que la troupe entame I know I’ve been changed. Encore une fois, la frontière entre les genres est ténue tant ce titre bouleversant rappelle les meilleures chansons deep soul d’un O.V. Wright. Ces trois voix puissantes prennent alors une épaisseur supplémentaire mais laissent aussi la place pour une séquence guitare-batterie soulful qui ajoute au plaisir du spectateur. Comme pour marquer les esprits avant l’entracte, la rythmique syncopée et la puissance du refrain de Thank him ne nous laissent pas de répit.

Wallace Lester

Malgré une pause conséquente, l’atterrissage n’a pas vraiment lieu, sans compter que les Como Mamas reprennent leur set de bon cœur avec Peace of mind, shuffle pendant lequel Angelia Taylor prouve toute sa vigueur à l’avant-poste. Quelques hallelujah plus tard, on se balance sans efforts sur Count your blessings, un titre qui permet d’apprécier les jeux précis et sans esbroufe du guitariste et du batteur. Il va falloir conclure, alors autant prendre de l’altitude avant de redescendre pour de bon, la ligne droite de Move upstairs arrive à point nommée en cette fin de performance : « Oh yeah! », sans aucun doute ! Le public est définitivement sous le charme et le fait savoir, ça mérite bien un rappel pour refermer le concert comme il s’est ouvert, revenir à l’essentiel, avec un final a cappella intense sans intermédiaire entre le trio et son audience, un peu comme entre ces trois forces de la nature et le tout-puissant.

Texte : Hugues Marly
Photos © Frédéric Ragot

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