Leon Bridges, salle Pleyel, Paris, 2025
02.09.2025
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6 juillet 2025.
Célébrant vingt-cinq années d’existence, le festival La Nuit de l’Erdre organisé à Nort-sur-Erdre, une commune située à une trentaine de kilomètres au nord de Nantes, s’est taillé une solide réputation attirant lors de cette édition pas moins de 102 000 spectateurs sur quatre jours. Au sein d’une programmation des plus éclectiques, deux prestations le dimanche étaient plus particulièrement susceptibles de retenir l’attention des lecteurs et habitués de Soul Bag : Komodrag & The Mounodor et, bien sûr, The Black Keys.
Né en 2019 de la rencontre de Moundrag et Komodor, deux groupes de rock/heavy/psyche, Komodrag & The Mounodor est un “superband” marqué au fer rouge par la scène et l’univers des groupes de classic rock des ’70s tels Jefferson Airplane, Allman Brothers ou Crosby, Stills, Nash & Young. À l’exception de la reprise de We’re an american band empruntée à Grand Funk Railroad, le répertoire proposé ici est intégralement composé d’originaux issus de “Green Fields Of Armorica”, le premier album du groupe paru en 2023. En huit morceaux (rappel compris) et une petite heure à peine, le septet breton, Gibson rutilantes et postures de rockstars à l’appui stupéfait un public enthousiasmé par l’énergie débordante et la générosité qui habitent chacun des membres du groupe, les uns et les autres se partageant le chant, de façon plus ou moins convaincante d’ailleurs. Sans aucun doute le principal axe de progression d’une formation qui se fait, à juste titre, une place grandissante sur les scènes de l’Hexagone.
S’il faut attendre près de quatre heures avant de voir les Black Keys, le temps passe toutefois à vive allure sur le très agréable site du parc du Port Mulon. Il est à peine 22 heures lorsque Dan Auerback et Patrick Carney entrent en scène suivis du fort recommandable quartet qui les accompagne durant ce No Rain, No Flowers Tour, à savoir les frères Gabbard (Andy à la guitare, Zach à la basse), Ray Jacildo aux claviers et Chris St. Hilaire aux percussions.
Your touch ouvre une setlist identique à deux titres près au concert donné la veille dans le cadre du festival Beauregard. Les deux natifs de l’Ohio puisent allègrement, pour le plus grand bonheur d’aficionados venus nombreux, dans l’intégralité de leur discographie puisque l’on y retrouve des morceaux issus des différentes étapes de la carrière du groupe comme Heavy soul, I got mine, Gold on the ceiling, le très soulful Everlasting light, mais également Man on a mission et No rain, no flowers, les deux singles que le public a pu découvrir quelques jours plus tôt et qui apparaitront sur le nouvel album du groupe dont la sortie est prévue le 8 août. Seule une reprise intègre cette liste, à savoir On the road again, titre de Floyd Jones qui accéda à la notoriété planétaire par l’adaptation qu’en fit le fameux groupe californien Canned Heat à la fin des ’60s.
Assez imprécis en début de set, le son gagne progressivement en définition et permet d’apprécier pleinement le grand talent vocal d’un Dan Auerbach, leader charismatique, tout en maîtrise et vers lequel les yeux semblent tous se tourner. Toutefois et même s’ils sont exécutés avec la plus grande efficacité, les changements quasi incessants de guitare (liés à la variété des accordages utilisés) entre chaque morceau altèrent toutefois un peu la fluidité d’un show par ailleurs très plaisant aussi bien musicalement que visuellement même si l’on pourra regretter une communication plutôt spartiate avec le public. Ceci explique peut-être l’impression d’une atmosphère semblant par un instant un peu retomber. Elle remonte très nettement en toute fin de concert avec l’enchainement des deux plus grands tubes du groupe à ce jour, Little black submarine et Lonely boy. Les amateurs de rappel en sont certes privés, mais cela n’altère en rien la bonne humeur d’une foule qui quitte les rives de l’Erdre paisible et comblée.
Texte : Nicolas Deshayes
Photos © Benjamin Guillement et Nicolas Tessier