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Live reports / 07.07.2011

TEDESCHI TRUCKS BAND + ROBERT RANDOLPH & THE FAMILY BAND


Susan Tedeschi et Derek Trucks

Soirée de fête au Trianon avec deux groupes qui figurent parmi les meilleurs de la scène actuelle : le Tedeschi Trucks Band et Robert Randolph & the Family Band.

Lorsque Robert Randolph et son Family Band (dont le personnel a quelque peu changé depuis son passage parisien de l’an dernier) prennent possession de la scène, c’est une bourrasque d’énergie et de gros son qui saisit les spectateurs. En un peu plus de trois quarts d’heure, la ferveur de la Sacred Steel de Randolph (sacré showman même si son instrument l’oblige à rester assis) ne redescend pas d’un cran. Le répertoire du dernier album en date, l’excellent “We Walk This Road”, fait mouche en live – sans les quelques petits temps morts et interludes entre les morceaux qui avaient émaillé le concert du New Morning. Un final ahurissant où les musiciens s’échangent leurs instruments (Randolph passe à la basse) et tout le monde se demande comment le groupe qui va enchaîner après ça va faire pour s’en sortir.


Robert Randolph

Mais pas d’inquiétude, Derek Trucks et Susan Tedeschi sont eux aussi de sérieux clients. Pas qu’ils en rajoutent dans le gros son : au contraire, lorsque les onze musiciens (!) lancent les premières mesures (belle entrée en matière avec le titre funky de l’album, Love has something else to say), le groove est plus tranquille. Mais pas moins fiévreux. Les deux batteurs ne sont pas là pour alourdir le rythme mais, au contraire, tissent avec le bassiste de l’Allman Brothers Band Oteil Burbridge un tapis rythmique d’une surprenante onctuosité, dans lequel se coulent sans problème les trois cuivres (sax, trompette et trombone) pour apporter un touche soulful, jazzy ou New Orleans. Les chœurs masculins (dont Mike Mattison, le chanteur du Derek Trucks Band) répondent à la voix de Susan Tedeschi, qui assure le show pendant que le désormais barbu Derek dirige le groupe et distribue les solos. Si Susan est désormais assez convaincante dans le registre blues et tâte plutôt bien de la wha-wha, c’est bel et bien Derek qui sort définitivement le groupe de l’ordinaire. Ses interventions à la guitare, sans autre effet que celui produit par ses mains, ont eu beau être brèves (exit les instrumentaux aux improvisations à rallonge) elles ont été inimitables, apportant la touche de jazz et de musique indienne qui rend l’artiste reconnaissable entre mille. Moins stoïque qu’avec le Derek Trucks Band, souriant et communicatif, il semblait prendre un grand plaisir à être sur scène. Impliqué et fougueux dans ses solos, il donnait l’impression de se lâcher davantage, cassant même un corde lors d’une montée en puissance. Nous eûmes ainsi droit à d’intenses versions des ballades de l’album.


Derek Trucks


Susan Tedeschi


Mike Mattison


Kofi Burbridge


Kebbi Williams

Côté reprises, des choix en phase avec l’esprit du groupe : Sly & the Family Stone (Sing a simple song ultra-funky), le Joe Cocker de “Mad Dogs & Englishmen” (Space Captain, que le couple a enregistré avec Herbie Hancock l’an dernier), Stevie Wonder (Uptight (Everything’s alright)) ou encore Derek & the Dominoes (Anyday avec un beau duo vocal Tedeschi-Mattison). Plus de deux heures de show et le public continue d’en redemander… Si on regrette l’absence de bœuf avec Robert Randolph (pourtant resté en coulisses), c’est sur un petit nuage que nous laisse le dernier rappel, un Bound for Glory au refrain imparable qui met en joie pour le restant de la nuit.
Éric
Photos © A. Maineult


Susan Tedeschi et Derek Trucks