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Chroniques / 15.07.2022

Tami Neilson, Kingmaker

Tami Neilson ouvre la bouche et en sort un faisceau qui se projette sur un écran dont a du mal à voir les bords. Cette voix est plus grande que le désert de Mojave. Elle fait partie de ces timbres rares, qui, quand ils poussent le volume, fissurent le cœur plus qu’ils ne cassent les oreilles. “Kingmaker” est structuré autour de morceaux dans un style western, qui relève moins de la country que de la BO de films de cowboys. 

Baby you’re a gun est un très bel hommage à ce genre mal aimé. Beyond the stars est une émouvante chanson sur le deuil, partagée avec Willie Nelson. L’une s’adresse au fantôme de son père, l’autre à celui de sa sœur. Dans cette exploration musicale de la perte, Willie retrouve une partenaire du calibre de Patsy Cline. I can forget lorgne le boléro, et là encore la performance vocale est au service d’une émotion pure. 

Ces morceaux à la tonalité western alternent avec des incursions gospel blues, swamp rock à la Tony Joe White, du rock garage et s’achèvent sur une comptine funky et distordue : It ain’t my job. Le tout se lit comme un tract féministe qui revendique l’alliance de la puissance et de l’émotion. 

Benoit Gautier

Note : ★★★★½
Label : Outside Music
Sortie : 15 juillet 2022