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Brèves / 08.07.2013

Sunday Vienne goes to church

Saturday I go out to play, Sunday I go to church and I kneel down and pray [Stormy Monday blues]. Après le blues du samedi soir, place au gospel le dimanche, tradition oblige. Et à Vienne le public répond présent, toujours prompt à gravir les gradins du théâtre qui s'étagent jusqu'au sommet de la colline, offrant aux musiciens l'image stupéfiante d'un véritable mur humain. Clarinettiste et saxophoniste avide de d'expérimentations tout autant que de changements, Don Byron a récemment livré sa vision du gospel à travers l'album "Love Peace & Soul". C'est à partir de ce concept que s'est élaboré un plateau imaginé par le batteur Sangoma Everett (maintenant établi à Lyon) réunissant, outre Don Byron et son bassiste Brad Jones, le pianiste Emil Spanyi, la chanteuse LaVelle et la chorale rhodanienne Entre Ciel et Terre. Après une introduction orientée jazz contemporain au cours de laquelle chaque instrumentiste a pu donner sa pleine mesure, LaVelle s'est distinguée au chant, elle aussi dans une veine très jazz, avant que le répertoire vire au gospel avec l'entrée en scène de la chorale. Un ensemble d'une quarantaine de membres étonnant de mise en place, de plaisir de chanter et de se mouvoir avec grâce. Don Byron présentait chaque titre, évoquant avec chaleur les figures de Thomas Dorsey ou Sister Rosetta Tharpe. Le premier pour une belle reprise de Precious Lord, magnifiquement chantée par LaVelle derrière le piano. La seconde en prélude à un Didn't it rain de grande lignée où la chorale donna toute sa mesure. Un autre titre, très bluesy, avec un Don Byron très low down au ténor et une LaVelle particulièrement accrocheuse (asticotant même les photographes dans la fosse pour les faire participer à la fête !), couronna ce concert hautement réussi. Pour suivre, on attendait beaucoup des Voices of Gospel, le groupe coaché par Iris Stevenson, celle-là même dont l'histoire inspira le film et la comédie musicale Sister Act. Après une entrée en scène retentissante, sur un tempo speedé, très gospel contemporain, la troupe d'une quinzaine de vocalistes et une demi-douzaine de musiciens revint aux classiques (Swing low, sweet chariot, etc.) dans un style académique, avant de délivrer une pièce à l'arrangement hyper soigné. La suite mêla danses très chorégraphiées, évocation de l'Afrique et pièces vocales démonstratives. Autant dire qu'on était beaucoup plus près de Broadway que de l'église baptiste. Le public en tout cas ne bouda pas son plaisir à ce show qui a pour mérite de permettre à des jeunes défavorisés de mettre un pied dans le showbiz. Grâce en soit rendue à Iris Stevenson qui, sur la fin du concert, quitta son clavier pour se déchaîner sur le devant de la scène, accompagnée de ses ouailles et de celles d'Entre Ciel et Terre pour un final haut en couleur.
Jacques Périn