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Live reports / 29.10.2019

Sugaray Rayford, Pan Piper, Paris

11 octobre 2019.

En presque dix ans de carrière – Soul Bag vous en parle bientôt ! –, Caron Nimoy “Sugaray” Rayford s’est imposé comme une des figures les plus actives et les plus attachantes de la scène blues, un statut renforcé en France par des tournées très régulières qui en ont fait un habitué des salles et des festivals un peu partout sauf à Paris, où le concert de ce soir marquait seulement sa troisième apparition… Peut-être parce que la précédente datait de moins d’un an, le Pan Piper est à peine rempli à moitié pour l’accueillir, une situation consternante au vu de la rareté des programmations blues qui justifie hélas la frilosité des clubs parisiens dans ce domaine.

S’il est sans doute déçu par la faiblesse numérique de son public, Rayford cache bien son jeu. Pas de morceau d’orchestre, c’est accompagné de ses musiciens (Alastair Greene à la guitare, Drake “Munkihaid” Shining aux claviers, Allen Markel à la basse, Lavell Jones à la batterie, Aaron Liddard au saxophone et Giles Straw à la trompette) qu’il débarque avec un emprunt au versant le plus funk du répertoire de Bill Withers, Who is he (And what is he to you), qu’il enchaîne avec le blues I’ll kill for you, offrant l’opportunité à Greene de briller à la slide, avant une plongée dans la soul façon Stax avec l’excellent If I live to love again. Les réactions du public restent cependant timides, au point que Sugaray finisse par tenter de brefs passages reggae et country pour faire réagir les spectateurs ! La température de la salle s’étant enfin un peu réchauffée, il peut poursuivre avec un mélange de titres empruntés à ses différents disques – Take me back home, un You and I façon Motown, The revelator –, quelques nouveautés à venir sur le prochain album et des reprises de goût auxquelles il ajoute à chaque fois son petite “twist” personnel. Ainsi le Cold sweat de James Brown est joué façon B.B. King, tandis que Born under a bad sign est précédé de quelques strophes du Message de Grandmaster Flash. Comfortably numb de Pink Floyd, chanté en bonne partie par Shining, sert à Sugaray Rayford à illustrer sa versatilité et son refus des carcans stylistiques.

Allen Markel, Aaron Liddard, Giles Straw
Alastair Greene, Sugaray Rayford

Un long instrumental permet à l’orchestre de mettre en valeur ses différentes individualités, avant que Sugaray s’amuse à tester ses musiciens en leur demandant de jouer le début de plusieurs de ses morceaux les plus anciens. Lui-même se prend au jeu, ce qui lui donne l’occasion de revisiter Southside, la chanson titre de son album de 2015. Une version incendiaire de Grits ain’t groceries de Little Willie John (via Little Milton) vient redynamiser les danseurs qui se sont enfin réveillés, avant que Sugaray se lance dans un blues a priori improvisé pour finir le set, avant un rappel mérité sur l’irrésistible Time to get movin’, extrait du dernier album. Malgré des circonstances peu favorables, Sugaray Rayford a une fois plus triomphé, et le soulagement se lisait sur son visage après le show alors qu’il partait à la rencontre de son public. Tant que des artistes de son calibre se produiront sur nos scènes, le blues sera entre de bonnes mains. À nous de savoir aller les soutenir…

Texte : Frédéric Adrian
Photos : J-M Rock’n’Blues
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