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Live reports / 27.04.2019

Steve Guyger, La Grande Ourse, Saint-Agathon

17 mars 2019.

Au lendemain du concert de Michelle David & the Gospel Sessions, on reprend la route avec plaisir pour voir Steve Guyger à la Grande Ouse à Saint-Agathon (Côtes d’Armor). L’homme ne passant pas si souvent dans nos contrées, il convient d’aller l’écouter où qu’il se produise. En première partie, le Blues Tregor Star Band est emmené par le batteur Lionel André avec le chanteur harmoniciste Little Lou, le guitariste Marc Ennaji et la bassiste Dorothée Pinsard. Leur répertoire est constitué principalement de reprises de classiques, Honey hush, Stormy Monday, Who’s been talking, Little red rooster, Can’t be satisfied, qu’ils savent entremêler de choses moins connues et emballer dans des styles variés, Chicago blues, funk, swing, boogie. Ça tangue un peu ici et là mais on passe un bon moment, classiquement clos par Got my mojo working.

Steve Guyger n’est pas venu seul, c’est le moins qu’on puisse dire ! Quand on voit monter sur scène Kai Strauss (g), Victor Puertas (p), Philippe Scemama (b) et Pascal Delmas (dm), on sait tout de suite que ça va être du haut niveau. Ce que le quatuor démontre en envoyant l’instrumental Two bones and a pick puis Real gone lover chanté par Victor Puertas. La vedette de la soirée peut apparaître à son tour tranquillement, nous sommes chauds. Shake your boogie, Same old thing, c’est un plaisir d’entendre enfin en vrai la voix de Steve et son jeu d’harmonica, tout en justesse, placement sobriété, pour une expressivité maximale.

La reprise Come on baby de Sonny Boy Williamson rappelle que l’expérience de Steve Guyger s’est bâtie au contact des plus grands et qu’il est aujourd’hui un des rares passeurs directs à subsister. Que dire ensuite de la reprise de Wee wee hours de Chuck Berry ? Elle est somptueuse, jouée par Steve sur un harmonica diatonique à 12 trous, ornée d’un solo de piano de Victor Puertas avec une belle séquence dans les graves qui évoque à la fois Johnnie Johnson et Otis Spann, puis un solo de guitare de Kai Strauss aux accents T-Bone Walkeriens qui rappellent l’influence du Texan sur le jeu de Chuck Berry lui-même. I wish you would montre que le jeu dépouillé de Steve et sa voix sans fioritures sont idoines pour faire revivre l’univers de Billy Boy Arnold.

Steve Guyger
Kai Strauss

Steve revient ensuite à ses propres compositions avec la ballade Little Rita, extraite du CD “Radio Blues” (Severn, 2008) puis Somethin’s smellin’ good en provenance de “Past Life Blues” (Severn, 1999), on se rend compte à cet instant que la production discographique de l’homme est finalement mince. I can see by your eyes avec son harmonica non amplifié crée un moment plus calme avant le final Rock this house et son duel d’harmonica entre Steve et Victor Puertas qui troque momentanément son clavier pour un diatonique. C’est aussi l’occasion pour Pascal Delmas de démontrer son swing au cours d’un solo de batterie sensible comme on aimerait en entendre plus souvent. Impossible de s’arrêter là, le rappel avec So glad you’re mine aide à redescendre doucement sur terre.

Texte et photos : Christophe Mourot

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