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Chroniques / 14.03.2021

Steve Earle & the Dukes, J.T.

La mort d’un enfant est certainement un des trous noirs les plus insondables qui puisse s’ouvrir dans un esprit humain. Steve Earle a choisi de réagir à la disparition de Justin Townes Earle en fonçant dans le studio pour enregistrer une dizaine de chansons extraites du catalogue de son fils. La mandoline ouvre avec enthousiasme l’album sur un tempo enlevé. L’exercice est difficile, mais Earle a de la chance : son fils était un songwriter au moins aussi talentueux que lui. 

Le paternel évite de manière remarquable les écueils de la sentimentalité. Il s’approprie les chansons sans ce respect excessif qui fait parfois un mausolée de l’œuvre des artistes morts trop jeunes. Il triture les compositions, s’amuse avec et nous aussi. La dernière chanson tente de mettre en mots l’amour paternel, mais la manière dont le père a plongé les dents dans l’œuvre du fils est bien plus loquace que tous les hommages larmoyants.

Benoit Gautier

Note : ★★★★
Label : New West
Sortie : 4 janvier 2021

Benoit GautierNew West RecordsSteve Earle