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Live reports / 09.03.2016

Sons d’Hiver

Après trois semaines de concerts dans les salles du Val-de-Marne, le festival Sons d'Hiver s'est conclu en apothéose dans la grande salle de la MAC (a.k.a. Maison des Arts et de la Culture) de Créteil qui affichait complet. Avec l'objectif avoué de faire place aux musiques festives, bariolées, métissées, déhanchées, celles qui font taper des mains et/ou des pieds, se lever pour danser ou se tortiller. Objectif largement atteint !

Après le disque (voir SB 221), la belle aventure de “Music Is My Home” menée par Raphaël Imbert s'est s'incarnée sur scène, “live” comme on dit, avec la quasi-totalité de ses protagonistes. Seule Leyla McCalla manquait à l'appel. En revanche Big Ron Hunter et Alabama Slim avaient bien fait le déplacement pour donner au projet du saxophoniste toute sa dimension et sa crédibilité. Malgré les craintes, la greffe entre ces bluesmen pur jus et des jazzmen français d'obédience moderne, quand ce n'est free, a pris ! Bien inspirées furent les interventions d'Imbert, notamment au soprano, du pianiste Simon Sieger ou du guitariste Thomas Weirich. Tandis que, bien au fond du temps, Anne Paceo assurait l'ancrage rythmique indispensable à l'ensemble.

 


Raphaël Imbert

 


Anne Paceo

 


Raphaël Imbert, Big Ron Hunter, Alabama Slim

 

C'est un instrumental funkissime, le Pass the peas de Maceo Parker, qui précède l'arrivée des trois Gospel Queens et de Naomi Shelton, poussée dans son fauteuil roulant. Si elle ne marche plus, elle n'a rien perdu de sa superbe (robe lamée et belle mèche rouge). Sa voix d'alto roule des cailloux et son cri s'étrangle parfois mais sa fougue est intacte. Et s'il était besoin, les relances de ses compagnes – toutes solistes à leur tour – et la tonicité du groupe (Adam Scone, org ; Gabriel Caplan, g ; Fred Thomas, b ; Chevon Bridges, dm, tous excellents) apportent une cohésion dynamique. Peu de choses différencient le gospel de Naomi Shelton d'une soul dopée au funk. Les paroles, certes… mais A change is gonna come de Sam Cooke est au programme, et même At last d'Etta James. On n'a pas échappé à Oh happy day, mais il fut expédié comme un passage obligé. Et le rappel, longuement introduit par l'orgue, renoua avec la meilleure tradition du gospel.

 


Naomi Shelton et Fred Thomas

 

Je ne savais rien de l'Hypnotic Brass Ensemble (même s'il en a déjà été question dans Soul Bag – auquel rien n'échappe) et je l'imaginais dans la foulée des brass bands de New Orleans. Erreur ! Car même s'il y a un peu de ça, ces jeunes types de Chicago innovent en mêlant dans une même verve débridée – et en apparence bordélique – funk et afro beat, jazz, soul, et rap. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au premier passage à Paris du Funkadelic/Parliament de George Clinton à la Villette. Même vitalité, même liberté. Mais un champ plus large. Les cuivres sont bien à l'honneur, les trompettes se confrontant aux trombones, propulsés par une rythmique combative. Dans le public, bien peu résistent aux invitations à se lever et à danser. Belle conclusion à ces trois heures et demie qui ont tenu toutes leurs promesses.

 


Hypnotic Brass Ensemble

 

Pour une fois, le lecteur de ce compte rendu forcément subjectif pourra se faire une idée précise de l'intégralité de cette soirée puisqu'il est possible de la (re)voir, fort bien captée, sur le site de Culture Box sur Internet ou sur “smart tv”.

Jacques Périn
Photos © Bruno Charavet

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/sons-d-hiver/raphael-imbert-au-festival-sons-d-hiver-235651

http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/sons-d-hiver/naomi-shelton-and-the-gospel-queens-au-festival-sons-d-hiver-235647

http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/sons-d-hiver/the-hypnotic-brass-ensemble-au-festival-sons-d-hiver-235649